Bénin_ Patrimoines : Le plus urgent est l’inventaire national

Le Bénin n’a pas encore un inventaire national de ces patrimoines. Et pourtant, il est l’un des pays du continent africain, les plus riches en biens naturels et culturels… S’agit-il d’une négligence des autorités ou d’une paresse des professionnels de ce secteur ? Enigme difficile à élucider mais le besoin est pressant…

Lorsqu’il vous plaira d’arborer votre robe de touriste et d’atterrir au Bénin, vous y trouverez les «tatas Somba », « le parc de la Penjari », « les chutes de Tanongoun » dans le nord. Quand vous descendez vers le centre, vous découvrirez les Collines de Dassa Zoumè, les Mamelles de Savè, le village souterrain d’Agouingouinto à Bohicon ; les palais royaux et temples vodoun dont celui de Zomadonou à Abomey, les forgerons et orfèvres fabriquant de splendides attributs, propres au Danxomè.

 

Dans le Sud, en traversant la région Agonlin, le fleuve « Zou » vous fait un clin d’œil pour vous permettre d’apprécier les merveilles du Nil d’Agonvê (commune de Zangnanado) avant d’échouer à Porto- Novo où s’érigent les constructions à architecture afro-brésilienne, les musées privés comme publics. Les bâtiments coloniaux, vous les identifierez également à Ouidah, ville historique, point de chute de la route des esclaves avant leur déportation. …

patrimoine architectural qui porte la marque des  » Brésiliens « 

Beaux, n’est- ce pas ! Les biens naturels et culturels, le Bénin en dispose à foison. Mais aucun fils de ce pays, aucun citoyen, qu’il soit un super professionnel des patrimoines ne peut dire avec exactitude le recensement détaillé de son ensemble patrimonial.

 

L’inventaire national, c’est ce dont souffrent les patrimoines de l’ancien Dahomey. L’inventaire, c’est la chose la moins partagée dans ce secteur.

Peut- être que ceux qui doivent s’y prendre s’entêtent à ignorer son utilité.

 

 

Un inventaire national des patrimoines : Pour quelle finalité ?
L’inventaire national des patrimoines connu également sous l’appellation « Inventaire général des patrimoines » est une initiative, selon nos lectures, d’André Malraux, écrivain français. Elle poursuit comme objectif d’étudier d’une part et de recenser d’autre part les patrimoines. C’est donc un exercice qui permet à chaque pays de répertorier une liste peu ou prou exhaustive de ses biens naturels et culturels.

En sus de sa valeur symbolique, les patrimoines ont une mission marchande. Ceci en raison de leurs attraits qui mobilisent un impressionnant nombre de touristes. Ne pas les inventorier ressemble à cet effet à une négligence ou un abandon de ses marchandises.

 

Outre la fonction économique, l’inventaire général est un outil de connaissance et de promotion des patrimoines. Ne pas le faire constituerait une gravissime erreur.

Danxomè

Et c’est dans cette faute que végète le Bénin. Le plus urgent à l’heure actuelle où le pays s’engage à installer une agence de promotion des patrimoines et de développement du tourisme est de le réaliser.

 

Franck Ogou, spécialiste des patrimoines et Conservateur du Jardin des Plantes et de la Nature (JPN)

Pour Franck Ogou, Spécialiste des patrimoines et Responsable du Pôle « Environnement et Nature » à l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA), « la 1ère priorité du Bénin dans ce domaine est l’inventaire du patrimoine car il faut connaître ce qu’on a pour dire comment on veut y prendre soin. A l’heure actuelle nous ne disposons pas d’un inventaire de nos biens patrimoniaux. Après cela, il faut élaborer des plans de gestion et de mise en valeur ».
Ses collègues Sessi Tonoukouin et Armand Vidégla, intervenant sur une station- radio sont allés dans le même sens et ont souligné la nécessité de cet outil.

Pour les deux journalistes, professionnels des patrimoines, cet inventaire est l’instrument qui ne peut être évité dans la mise en œuvre du projet de promotion des patrimoines. C’est donc le préalable de la mission de l’agence à installer les prochains mois.

 

Des initiatives locales
En attendant l’Etat, certaines communes, avec le concours de plusieurs institutions internationales dont l’Unesco et l’Union Européenne (UE) ont, localement, réalisé l’inventaire de leurs biens patrimoniaux.

Cotonou, Abomey, Porto- Novo, Ouidah et Grand Popo sont entre autres les villes béninoises qui peuvent se vanter de l’inventaire de leurs patrimoines.
L’Etat doit alors aller à l’école de ces communes. Le plus tôt.

 

Esckil AGBO