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Bénin_ Arts et Cultures : Coffi Guillaume Adjaho, un sens du legs

Le feu Coffi Guillaume Adjaho,Artiste musicien béninois

Mercredi 14 juin 2006, un accident vasculaire a emporté un illustre fils du Bénin. Il s’est éteint, en début de soirée, plongeant le milieu artistique béninois dans le deuil et dans une douloureuse tristesse. Coffi Guillaume Adjaho aura marqué la culture de son pays. Son empreinte indélébile se ressent dans diverses disciplines des arts et cultures. Retour sur la carrière de l’artiste via le témoignage de ses progénitures, devenues aussi artistes.

Selon Méchac Adjaho, son vidaho (garçon aîné), Coffi Guillaume Adjaho était « un homme exceptionnel qui a consacré sa vie à servir son pays, dans et par la culture ». Sa passion débute dans sa tendre jeunesse. En 1960, il apparut pour la première fois sur scène et créé six ans plus tard avec plusieurs de ses camarades d’école la troupe « Cerveaux noirs ». Un laboratoire au sein duquel il a évolué jusqu’en 1970 avant de se rendre à Paris pour poursuivre ses études universitaires.

Cet homme, confie à dekartcom, l’une de ses filles, Sandra Adjaho « était un artisan des arts et de la culture. Il était un amoureux et un passionné de la chose culturelle. » Un témoignage de la fille cadette de l’artiste que partagent les journalistes Jean Discipline et Fortuné Sossa.

Coffi Guillaume Adjaho : vrai comédien

Coffi Guillaume Adjaho vrai comédien

Coffi Guillaume Adjaho vrai comédien

Le regretté artiste fut un comédien. Pas les moindres que le Bénin ait jamais connu. Avec la troupe théâtrale Les Cerveaux noirs, « il s’est illustré en tant que comédien hors pair, à travers l’interprétation de rôles de premier plan. » La marmite de koka M’bala de Guy Menga, Kondo le Requin et La secrétaire particulière de Jean Pliya sont entre autres les créations majeures qui l’ont vu évoluer. A ses enfants, singulièrement à la fille cadette, l’homme laisse le don du théâtre.

Sandra Adjaho : « c’est papa qui m’a révélé tous mes talents artistiques. Toute création passait par lui pour correction et amélioration. Il était mon idole. Je voulais tout faire comme lui, lui ressembler sur tous les plans. Je l’aimais de trop pour ce qu’il était pour moi, un confident, un complice et un partenaire culturel ». De sa tombe, l’artiste peut se réjouir. Sa fille adorée entretient soigneusement l’héritage. Son actualité dans l’univers du théâtre en est une illustration.

Et un musicien- chanteur de classe

Coffi Guillaume Adjaho un musicien- chanteur de classe

Coffi Guillaume Adjaho un musicien- chanteur de classe

Coffi Guillaume Adjaho n’était pas seulement comédien. Il fut également un grand musicien- chanteur. L’ex Dahomey peut se targuer de ses beaux morceaux. L’homme aura marqué les esprits. « Le boumba de Coffi », « akpan glacé », « dô nu mi », ses mémorables titres, sans être exhaustif continuent de faire danser les Béninois.

« Toutes ses œuvres se réclament assidument de la musique moderne d’inspiration traditionnelle, une sorte de fusion dans laquelle l’identité du Bénin ne fait l’ombre d’aucun doute », raconte à votre site, son fils- musicien, Méchac Adjaho. Sa démarche artistique était particulière. L’héritier témoigne : « Coffi Guillaume Adjaho fait une musique au carrefour de la tradition et de la modernité mais aussi dans la profondeur des messages véhiculés par les chansons de l’époque. La différence, avec ses collègues, réside dans les rythmes abordés et le style d’écriture de ses textes enrobés d’humour et de bonne humeur. Il faut souligner que Guillaume Adjaho étant spécialiste de théâtre aussi, avait une manière assez spéciale de rendre son répertoire sur scène, en faisant intervenir des personnages dans une espèce de comédie musicale montée et servie avec soin. »

« Rigoureux, visionnaire et exemplaire », Coffi Guillaume Adjaho, s’il était toujours en vie se désolerait de la qualité actuelle de la musique de son pays. Il se réjouirait, tout de même, imagine son aîné, « en partie, pour le nombre croissant d’artistes embrassant aujourd’hui la musique moderne d’inspiration traditionnelle, son domaine de prédilection. Mais je vois d’ici un chouya de déception dans son visage, pour tous ces tubes qui crèvent nos écrans et qui pèchent doublement en promouvant les rythmes d’ailleurs et en ne proposant aucune morale pour éduquer le peuple. »

Il aimait le Cinéma
Coffi Guillaume aimait le cinéma. Les films ; les bons films. Son très grand goût pour le cinéma le conduit à accompagner le rêve de son benjamin, Samson Adjaho, jeune cinéaste, formateur à l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA) et lauréat de plusieurs prix. « Mon feu père est surtout celui qui m’a donné la pleine confiance d’embrasser ma carrière artistique et de devenir le Cinéaste épanoui dont j’ai toujours rêvé », récite le jeune réalisateur béninois. C’est un homme de culture accompli, poursuit-il. « C’est vrai qu’il n’a pas joué dans un film. Il écumait plutôt les planches. Mais en tant qu’artiste, il avait beaucoup d’amis cinéastes africains et avait de très bonnes relations avec eux. Il encourageait beaucoup les cinéastes béninois et s’il était encore vivant, il l’aurait fait davantage…Dans tous les sens, moralement, matériellement et financièrement, il a soutenu ma carrière. Il faisait d’ailleurs pareil avec tous ses enfants, chacun dans ses choix. Mais à condition d’être le meilleur en classe. »

Coffi Guillaume Adjaho : Bon papa… croyant…et homme de terrain
Sur les planches, Coffi Guillaume Adjaho a rencontré Agnès Migan qui devient plus tard son épouse. Avec celle-ci, il a installé une petite famille, constituée de cinq enfants : Aliane, Feue Anna, Sandra, Méchac et Samson. Des témoignages recueillis auprès de sa descendance, on retient que quatre principes qualifiaient la vie de l’artiste. Rigueur, croyance, humour et sacrifice. Lisez ici quelques mots de trois de ses enfants :

Méchac Adjaho

Méchac Adjaho

Méchac : « Dans l’ordre des priorités il y avait l’instruction intellectuelle, l’éducation religieuse et la pratique artistique. Tant que vous êtes à jour sur ces volets et que vous y associez un soupçon de respect de l’ainé, dans les paroles et les actes, vous devenez l’enfant chéri de papa Guillaume. Et nous avons tous pu obtenir et conserver ce statut (heureusement). Il était un homme de culture très humain »

 


Samson : « C’était un bon père. Il s’est beaucoup sacrifié pour que ses enfants lui

Samson Adjaho

Samson Adjaho

ressemblent. Il était convaincu qu’ils pouvaient continuer après son départ le combat culturel qu’il n’a pas pu finir. Espérons qu’on y arrivera. J’ai un sentiment de grande fierté envers cet homme. C’est la meilleure chose qu’on puisse laisser comme héritage pour un fils. Il m’appelait l’enfant rebelle. Il avait des raisons et raison de le dire… Un excellent communicateur : il se donnait toujours le temps pour vous donner des explications et s’assurait que vous compreniez. Il savait aussi transmettre le mot passion: la musique, le théâtre, la danse, les langues, la bible bref il nous transmettait tout avec de la passion. Mais surtout, il avait le flair adéquat pour apprécier le potentiel de chacun de ses enfants et de les encourager individuellement dans toutes leurs initiatives. Si je devais donner, en tant que créateur, les noms des meilleurs producteurs que j’ai eus jusque là pour mes œuvres, je dirais mon père et ma mère. Il aimait beaucoup être sur le terrain. Le bureau lui donnait le torticolis (rires). Il rencontrait beaucoup de monde, et partageait toujours la bonne ambiance, avec la même considération du planton jusqu’au ministre. »

Sandra Adjaho

Sandra Adjaho

Sandra : « Papa avait de très bonnes relations avec nous tous parce qu’il communiquait. Il nous permettait de lui parler franchement…Papa programmait tout même avec nous sa famille. Il notait tout dans ses agendas ou cahiers qui lui servaient de mémoire. Papa était un fin observateur. Il faisait attention à tout que ce que nous faisons que ce soit nos études ou nos talents artistiques. Il était un père de famille exceptionnel.»

 

Réalisation : Esckil AGBO

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