Cameroun/ Arts Contemporains : Le Salon Urbain de Douala s’ouvre en décembre
28 octobre 2017
Bénin/ Espace Tchif : « Agenda chargé » pour le mois de novembre
30 octobre 2017

Bénin : Le besoin impératif d’un ministère de la culture à part entière

Oswald Homeky, Ministre du tourisme, de la culture et des sports. Ph : Présidence du Bénin.

Je n’ai aucun doute sur la volonté et la capacité d’Oswald Homeky à gérer efficacement le secteur du tourisme et de la culture, désormais sous sa responsabilité. Il est le bienvenu – quand on sait que dans un passé non lointain, ce secteur était sous la conduite d’un pilote qui dirigeait sous la pression des circonstances, sans se soucier d’une action à long terme.

Oswald Homeky, chantent les acteurs culturels depuis la nuit du vendredi 27 octobre 2017 est une chance pour les arts et cultures. A les en croire, le secteur va pouvoir bouger après dix- huit mois de somnolence…

En réalité, se réjouissent- ils de la nomination d’Oswald Homeky ou du départ du gouvernement du sieur Ange N’Koué, désormais ex Ministre du tourisme et de la culture ?
Dans l’un ou l’autre cas, « c’est un soulagement », commente Gaston Eguédji.

Les acteurs culturels sont soulagés. Mais le ministère l’est – il ?
Osawald Homeky, précédemment Ministre de la jeunesse et des sports a dorénavant, en sus de ce portefeuille, le tourisme et la culture. Deux ministères sinon trois ministères en un.

Le jumelage du tourisme, de la culture et des sports, pensé- je, est un méfait. C’est une preuve que le politique béninois n’a pas encore saisi « la complexité, la technicité, le caractère holistique et l’importance de la culture dans le processus du développement ».

Le fait de cumuler le tourisme et la culture en privilégiant le tourisme était une erreur. Sans culture, point de tourisme. Il faut faire, travailler la culture pour nourrir le tourisme.
A mon avis, on devrait avoir un peu de respect pour la culture, la prendre tout un petit peu au sérieux en créant le ministère de la culture, un département à part entière. A l’instar de celui de la santé, des divers sous- secteurs de l’enseignement.

Tout est culturel et tout part de la culture… Loin de m’engouffrer dans une théorie sur l’économie culturelle, j’aimerais rappeler tout simplement qu’il s’agit d’un gigantesque secteur pourvoyeur d’emplois. Mieux que le sport, l’automobile…

Et cela, le politique béninois ne le sait pas encore. Il n’a aucune idée du nombre de jeunes qui s’auto- emploient grâce aux activités artistiques et culturelles. Il n’a jamais eu en projet de faire une recherche dans ce sens.

Le politique de mon pays est un grand ignorant de l’apport de la culture dans un système éducatif qui se veut au service du développement. Le politique de mon pays n’a pas connaissance de l’apport de la culture dans la démocratie. « C’est un média de langage universel avec un impact rapide et visiblement identifiable », soutient le Manager culturel Espéra Donouvossi.

Les hommes et femmes qualifiés pour une gestion efficiente de ce ministère sont légions dans le pays. Les ressources humaines compétentes pour tenir intelligemment le ministère de la culture – s’il nous est créé- existent et ce en grand nombre. Point de désert de compétence dans le secteur. Plutôt un désert de conscience chez le politique béninois.

Les défis du ministre Oswald Homéky
Oswald Homéky, Ministre du tourisme, de la culture et des sports a de grands défis à relever, en tout cas pour ce qui concerne ses nouveaux portefeuilles.

Il est héritier d’un secteur en proie à tous les vices : mauvaise gestion, népotisme, division, clientélisme, gestion folklorique et brimades… Que faut –il alors faire ?
« C’est d’abord l’état des lieux et des études d’évaluation selon la bonne méthodologie professionnelle et transparente. A la base de cette évaluation, il faut associer des professionnels pour faire des propositions d’assainissement. Auditer les reformes en cours pour le secteur et convoquer les états généraux de la culture et des arts afin de recueillir des propositions, les préoccupations à soumettre à des spécialistes de planification stratégique », suggère Espéra Donouvossi qui poursuit : « ce qui manque au secteur de la culture, ce ne sont pas les hommes, les talents, la créativité, les moyens financiers mais c’est le manque du personnel qualifié qui comprend le mode de fonctionnement des programmes de développement et aussi qui comprend la dimension culturelle du développement durable…. Renforcer la politique culturelle polémique actuelle par un plan stratégique biennal ou triennal avec une planification budgétaire appropriée et les résultats attendus clairement définis ».

Bien inspiré au micro de dekartcom, Espéra Donouvossi continue : « le service d’information et de communication du ministère doit créer une base de données de tous les acteurs culturels selon le Statut de l’artiste et assurer une communication permanente entre les différentes parties prenantes. Sur un autre point, je propose que le nouveau ministre se fasse une idée sur tous les engagements internationaux pris par la République du Bénin en termes de développement de la culture. Beaucoup de conventions internationales ont été signées, adoptées et ratifiées comme par exemple la Convention 2005 de l’Unesco sur la diversité culturelle qui ne se voit transparaître dans aucun document de travail public.

Enfin, je propose qu’il faille multiplier les projets de formation et de renforcement de capacités à tous les niveaux de la gestion de la chose culturelle au Bénin. Former les cadres et travailleurs du ministère aux règles de gestion administrative, aux notions de planification, de suivi et évaluation et surtout à des notions clés comme dimension culturelle du développement, industries créatives, entreprises culturelles , économie créative, durabilité… ».

Esckil AGBO

Share and Enjoy !

0Shares
0 0

Comments are closed.

0Shares
0