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Bénin : L’ancienne ministre Léa A. Hounkpè publie un roman

La  littérature  béninoise a, depuis le jeudi 02 octobre dernier, un nouveau  -né.  Il s’agit de Léa Hounkpè  qui  vient de signer aux éditions  Plumes Soleil  son premier roman : Hinnoumi ou les mirages de Cotonou.  La cérémonie de son lancement s’est déroulée à Cotonou, hôtel Azalaï.

Le livre  est présenté par l’écrivain béninois, Florent Couao – Zotti au cours de ladite cérémonie.  Il relate l’histoire du vieillard Hinnoumi qui a quitté son village natal « Posso » pour se rendre en ville (Cotonou)  chez son neveu Koffi.   Après plusieurs semaines de marches,  le voyageur,  grâce à plusieurs  personnes de bonne volonté,   a enfin retrouvé son fils.  Durant son séjour, lui, un vrai traditionnaliste a été contraint de ‘’copier’’ quelques habitudes citadines.  L’ouvrage s’étend sur 152 pages  et est subdivisé en plusieurs chapitres. Il est  écrit, à en croire le présentateur, dans un style simple, accessible à tout le monde, et est à  caractère social, traduisant  les réalités socio-culturelles du Benin.

A la suite de l’exposé de Florent Couao- Zotti,    son collègue Daté Atavito Banarbé- Akayi s’est prêté à un exercice  de questions – réponses  avec la nouvelle  romancière.  Dekartcom était  de la partie et a enregistré pour vous   ledit exercice dont voici la substance.

Inès MISSAINHOUN

 

La couverture du roman

La couverture du roman

 

  Léa Hounkpè, dites – nous comment devient-on ministre sans être politique ?

Je pense que la politique, c’est autre chose. Mme Dorothée Akoko Kindé Gasard actuelle ministre de la santé est présente dans la salle. Elle n’est pas politique mais technicienne. Moi, j’ai été ministre. Mais je ne suis pas politique. Je suis technicienne. Le débat ne se trouve pas autour de: «est- ce que vous  êtes politicienne ou non ? ». Mais, c’est de savoir si vous  faites votre travail ou pas.

Quand les femmes décident de publier, elles abordent, généralement les sujets relatifs à la gent féminine. Mais vous, vous  avez presque oublié la femme dans votre ouvrage.  Vous n’avez pas fait parler la femme dans votre livre. Pourquoi ?

Je pense que comme tu l’as dit la femme béninoise est battante. La femme béninoise représente la richesse béninoise. Mais les hommes béninois que vous êtes, vous n’avez pas encore compris  qu’il faut faire confiance à  la femme. C’est pourquoi dans l’ouvrage, la femme de Koffi a pleuré. J’ai essayé de parler de la femme sans que la femme soit l’être pleurnichard, qui pleure pour avoir les choses. Mais celle qui est déterminée à aller de l’avant par son travail et son courage. J’ai donc abordé la femme sans mettre une pancarte devant.  C’est pour dire que la femme doit aussi prendre ses responsabilités et savoir se battre pour aller de l’avant. Je ne caresse pas la femme. Il faudrait que nous puissions prendre nos responsabilités en éduquant nos filles.

 Comment se fait- il que dans le roman, vous n’avez pas donné la parole à la femme ?

Dans notre société traditionnelle, la femme a un rôle à jouer. La femme  ne prend pas le devant dans la société traditionnelle. Et elle ne peut pas prendre la décision de quitter le village pour se balader en ville. Ce n’est pas une femme respectable. Donc, il ne m’est pas possible de prendre une femme pour la dénigrer et la montrer sans respect et sans conviction. Vous avez vu combien de maisons Hinnoumi a parcouru avant de  retrouver Koffi. Je crois que la femme béninoise ne peut pas faire cela. L’autre chose, c’est que dans notre pays, on plaque beaucoup d’étiquettes  aux femmes. Quand une vieille femme rend visite à un proche en ville, on dit qu’elle est sorcière.

Pourquoi l’inégalité entre  les chapitres ?

Hinnoumi est un villageois. C’est un illettré. Et je crois qu’on ne peut pas compliquer la vie à un illettré. L’inégalité des chapitres montre que le projet de voyager de Hinnoumi  a eu beaucoup de phases. Ce qui permet de décrire les différentes phases de son voyage. Le  départ du village même est une phase. Après, c’est tout le trajet. Le récit est long parce que Hinnoumi ne veut pas prendre de zém (taxi- moto). Et quand il voit un paysage, il doit attendre et l’admirer.

Hinnoumi a fini par prendre zém et a fini par déclarer forfait.  Comment se fait-il qu’il donne raison aux Cotonois ?

C’est normal. Il parcourait son village à pieds parce qu’il n’est pas vaste. Le voilà, maintenant à Agla à Cotonou où il doit venir à l’étoile rouge à pieds. C’est normal qu’il soit fatigué. C’est pour aussi dire qu’une fois que vous êtes en ville, il vous est impossible de demeurer villageois.

Propos recueillis par Daté Atavito BANARBE- AKAYI et transcrits  par Esckil AGBO

 

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