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Bénin- Exposition d’arts : La femme, le temps et la société

l-oeuvre "Extase à la vie" de Beya Gille Gacha en exposition à Le Centre. Crédit photo : Sophie Nègrier

La galerie de l’espace artistique « Le Centre » de Lobozounkpa sis au quartier Atrokpocodji abrite depuis le vendredi 03 mars 2019, une exposition collective intitulée : « A quelle distance est le passé du présent ? ». De trois artistes d’origines diverses, cette exposition est à la fois une invite à l’appropriation des valeurs traditionnelles dans une époque contemporaine mais aussi à l’émancipation de la femme.

« A quelle distance est le passé du présent ? ». C’est l’interrogation autour de laquelle tourne l’exposition collective des artistes Beya Gille Gacha, Uche James Iroha et Mounia Youssef. Avec chacune de leurs œuvres, ces artistes ont essayé de faire le pont entre modernité et tradition en abordant diverses thématiques.

Fruit d’une longue recherche sur le symbolisme de la mort dans les cultures africaines et occidentales, les œuvres de Beya Gille Gacha éveillent la curiosité. D’ethnie Bamiliké, cette artiste franco-camerounaise attirée par la tradition des cultes aux morts dans son pays natal, cherche des similitudes dans d’autres cultures. En plus du rite des crânes chez les Bamiléké, elle découvre en Bolivie le rite des Niatitas, en Indonésie celui des Manéné et bien d’autres. Au Bénin, c’est le rite Ayisùn de Porto-Novo qui retient son attention. L’artiste en arrive à la conclusion que loin de toutes attentes la mort n’inspire pas que peur, horreur et vanité. Elle inspire aussi l’amour. « J’ai voulu repenser un peu l’image de la mort » confie-t-elle pour justifier sa démarche artistique.

Dans une salle entièrement réservée à son installation « Extase à la vie », Beya Gille Gacha partage la résultante de ses recherches avec le public. Composée de quatre sculptures de crânes en résine et de dessins, cette installation qui n’est qu’une partie de la somme de ses recherches,  interprète l’univers de la mort. Beya continue de ce fait les recherches, en vue d’exposer l’œuvre finale  début mai à New-York. Mais elle ne s’en arrête pas là. L’artiste propose une réflexion croisée entre la condition des femmes et la mort. Ceci à travers un fragment de l’histoire de l’aviation avec un hommage aux premières femmes pilotes.

« Une invite à l’émancipation »
Plus qu’un simple hommage, les œuvres de Mounia Youssef incitent à une prise de conscience chez la femme. Artiste photographe et graphiste, elle est connue pour son féminisme. Une fois encore, cette photographe libano-togolaise vivant au Bénin donne la voix aux femmes à travers ses œuvres.

Accrochées au mur de la galerie du Centre, deux photographies de l’artiste retiennent fortement l’attention. Elles sont intitulées « A nous la Parole ». Réalisées à partir de la technique du ‘’slow motion’’, elles mettent en évidence les différentes étapes du mouvement. Ces œuvres laissent voir des corps en mouvement qui de la gauche vers la droite passe d’un état de passivité à un état de révolte.

Avec deux différentes modèles : une femme blanche et une noire, Mounia Youssef incite les femmes du monde à se battre pour une cause. Celle de leur émancipation. « Ces photo pour moi symbolise la voix, la prise de position de la femme. Le mouvement au milieu peut symboliser le temps voire les difficultés qu’il leur faut braver pour atteindre cette émancipation » explique-t-elle.

Comme pour insister sur la question, Mounia Youssef met en relation des symboles, coupures de presse et fragments historiques. Ce faisant, la photographe rappelle les combats menées par des femmes tant dans l’histoire, la tradition et la contemporanéité. Avec une série de quatre posters (collages digitaux) dénommée « Chameleon Women », l’artiste fait assoir quelques figures féminines sur des caméléons. Dans cette métaphore, elle attire l’attention sur ces femmes qui, pour se réaliser dans la société préfèrent se fondre dans la masse.

D’une photographe à un autre, les œuvres de Uche James Iroha font le pont entre modernité et tradition. « Historyis not absent-minded ». C’est le titre de la série photographique de cet artiste nigérian. Exposées au mur de la galerie, ses photographies sont impressionnantes. Dans un environnement moderne, le photographe immortalise des béninois (parents et amis) traditionnellement vêtus à travers quatre œuvres. Avec cette mise en scène Uche James fait le lien entre tradition et contemporanéité. « Ce serait intéressant si je pouvais récupérer la culture des peuples africains et en faire ma chose personnelle » confie-t-il. Pour cet artiste nigérian la culture est à la plus grande richesse des peuples africains qu’il faille préserver à tout prix malgré la modernisation.

L’exposition « A quelle distance est le passé du présent ? » se poursuit jusqu’au samedi 18 mai 2019.

Inès Fèliho

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