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Bénin /Art contemporain : Trois artistes créent « [DÉS]HUMANISATIONS » au Centre de Lobozounkpa

l'installation " Maquette de la ville d’Alep" de l'artiste Daavo. Crédit photo: Yvon Ngassam

Les artistes Daavo (Bénin), Landu Jah (Congo / Bénin) et Yvon Ngassam (Cameroun) ont inauguré, le vendredi 16 mars 2018 l’exposition « [DÉS]HUMANISATIONS ». Elle est le fruit de la 14ème résidence de création du Centre. Cette exposition prend fin le 19 mai 2018.

[DÉS]HUMANISATIONS est une exposition qui explore les questions relatives à l’Homme et son environnement. Les catastrophes écologiques, la guerre et la pauvreté sont entre autres les thèmes développés par les œuvres en exposition. Sculpture, photographie, peinture, installation etc., les médiums artistiques s’entrecroisent et donnent corps à l’engagement des artistes.

Du  »Zémidjan » au masque  »Gèlèdé »

Du  »Zémidjan » au masque  »Gèlèdé » de l’artiste Yvon Ngassam. Crédit photo: Yvon Ngassam

 

Yvon Ngassam – artiste visuel d’origine camerounaise – focalise son travail sur la force du rêve et de l’utopie en période difficile. L’installation réalisée durant ses quatre semaines de création est une rencontre entre deux univers : le masque Gèlèdé – qui la intéressé lors de son dernier séjour au Bénin à l’occasion de la Quinzaine de la photographie – et l’univers des ‘’zémidjans’’ qui, pour l’artiste, dans sa position sociale est« une représentation du masque Gèlèdé. Le zémidjan est celui qui va partout, qui emporte tout le monde. C’est celui à qui, sur sa moto, on raconte nos déboires et nos réussites. »

Yvon Ngassam a ainsi exploré la sculpture, médium qu’il n’avait jamais utilisé jusqu’alors. Pour symboliser les rêves des zémidjans avec lesquels il a collaboré, il sculpte des casques de motocyclistes en écho aux masques Gèlèdés. Les photographies et les vidéos réalisées reprennent l’histoire, la vie de ces travailleurs et projettent des interprétations de leurs aspirations. En revenant sur les rêves et utopies des zémidjans, Yvon Ngassam s’intéresse au pouvoir de la résilience pour construire l’avenir et insiste sur la nécessité d’insuffler des rêves à nos réalités.

Hommage aux victimes des guerres

Hommage aux victimes des guerres de l’artiste Daavo. Crédit photo: Yvon Ngassam

 

Daavo présente une installation composée de tableaux, de sculpture et d’une bande son. Au centre, une maquette de la ville d’Alep où les grands centres de regroupement humain (mosquées, églises, marchés, etc.) sont ravagés par les tirs de roquettes. Dans ce chaos, l’artiste a sculpté, des centaines de morts qui baignent dans le sang.

« C’est un projet qui tourne autour de la guerre de la Syrie et précisément de la ville d’Alep », nous explique –t- il. En effet, dans ses œuvres, on découvre une sculpture en bois, pensée comme un monument aux morts, présentant une carte de la Syrie sur laquelle sont inscrits des prénoms de victimes. Dans ce projet l’artiste a développé une réflexion autour de la notion de prison à ciel ouvert, il s’intéresse aux différentes formes d’emprisonnements (physiques, mentales, etc.) lesquelles frappent les victimes de ces guerres.

L’artiste  »investigateur » dénonce les gangrènes du continent noir

Œuvres de Landu Jah. Crédit photo: Yvon Ngassam

 

Landu Jah, veut faire de la protection de l’environnement, son cheval de bataille. Les problèmes environnementaux, migratoires et les conflits, à l’en croire, constituent de véritables menaces pour l’Homme et son écosystème. Il réalise de ce fait, des tableaux à base de fragments de bidons et entend, à travers cette création, « sensibiliser, dénoncer tout ce que la société de consommation balance aux populations. L’objectif, confie –t- il est d’arriver un jour en Afrique à zéro déchet…

Landu Jah expose également « Gentleman », une sculpture présentant un buste d’homme en fer à béton enroulé de bandes septiques. Selon lui, cette œuvre est une « personnification de l’Afrique ». Le continent, dit- il, est malade et il est nécessaire de dépasser les constats pour construire l’avenir et trouver des solutions aux problèmes écologiques, socioculturels et humains. » L’artiste explore aussi les questions d’exils dans son œuvre ‘‘Cortège’’, en utilisant des dizaines de coupons de pagne pour représenter le mouvement migratoire des Africains vers l’Occident.

Pour lui, « le pagne a une histoire pour les Africains, il permet de détecter la classe sociale d’une personne, véhicule un message, un langage, une anecdote ».

Hubert KIDJASSOU

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