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Abomey _ Patrimoines : Janvier Nougloï présente le Centre Culturel de Rencontre

La marquette du Centre Culturel de Rencontre d’Abomey qui sera érigé dans le palais privé du Roi Glèlè.

Dans ce 23ème numéro du Vendredi des Patrimoines et du Tourisme, nous recevons Janvier Nougloï, acteur culturel béninois, installé à Parakou. Au menu de l’entretien, Le Centre Culturel de Rencontre d’Abomey qui sera érigé dans le palais privé du Roi Glèlè.

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Dekartcom : Abomey aura dans les prochains mois son Centre Culturel de Rencontre. Vous êtes l’un des acteurs actifs dans le projet. Parlez – nous du début de ce projet.

Janvier Nougloï, acteur culturel béninois

Janvier Nougloï, acteur culturel béninois

Janvier Nougloï : En 2015 j’ai été récipiendaire d’une bourse du ministère français de la culture, qui m’a permis de découvrir et de nouer des liens avec les centres culturels de rencontre français. C’est ainsi que le projet textes en scènes a pu naitre, un model importé de la Suisse dans un partenariat avec la chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, le premier CCR créée en 1972 et avec l’Institut Français du Bénin et l’auteur Suisse Michel Berreti.

En 2016 j’ai monté le projet de création du premier centre culturel de rencontre d’Afrique noire. Avec l’appui de l’Association des centres culturels de rencontre de l’Institut Français du Bénin et de la commune d’Abomey, le projet a été introduit à l’AIMF en juillet 2016. Lors de son vote du 29 septembre dernier l’AIMF accepte d’accompagner le projet à hauteur de 266 000 Euros soit 80% du cout global du projet.

 

Quelles sont les motivations du projet ?
La Commune d’Abomey, Capitale Historique de la République du Bénin et chef-lieu du Département du Zou, compte une population de près de 80 000 habitants. L’histoire a légué à ce territoire un immense patrimoine historique, qui en fait un des sites du pays les plus intéressants sur le plan culturel et touristique.

La renommée d’Abomey est due en grande partie au site des Palais royaux publics – qui couvre une superficie de 47 ha et qui abrite le Musée Historique d’Abomey – classé sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO – et les sites des Palais royaux privés, qui sont environ une dizaine et constituent des lieux où les princes héritiers apprennent l’exercice du pouvoir avant d’accéder au trône. A cela s’ajoutent les marchés historiques – cinq dans la Commune, avec chacun son histoire et sa spécificité -, les temples vodoun et les lieux sacrés.

Ce fort potentiel touristique est peu valorisé et il est menacé par le manque d’entretien et les erreurs d’intervention.

Le présent projet ambitionne de restaurer un site royal, le site GLELE, tout en envisageant la construction raisonnée et respectueuse de nouveaux bâtiments pour des fonctionnalités contemporaines afin que l’ensemble serve de cadre à des projets artistiques pluridisciplinaires (Résidences, lectures, musique, expositions, théâtre…). Cette réappropriation du lieu offre l’opportunité d’allier sauvegarde du patrimoine et développement culturel afin de l’insérer dans de nouveaux projets et réflexions en lien avec la culture. Elle prend en compte la dimension touristique et plus largement du développement du territoire.

Enfin, une réflexion toute particulière sera dédiée dans les activités du Centre, à la question du genre. Le royaume de Dahomey (17ème-19ème siècle) bien connu pour son armée de femmes guerrières, l’est beaucoup moins pour le rôle prépondérant occupé par les femmes dans le reste de sa société. Cette parité homme-femme dans le gouvernement et l’armée du Dahomey, mais aussi dans le reste de la société, avait conduit l’explorateur britannique William Winwood Reade à s’exprimer ainsi au sujet du rôle de la femme au Dahomey : « elle est aussi employée dans des missions diplomatiques et dans des entreprises commerciales. Elle est bergère, agricultricer, guerrière, commerçante, ambassadrice et quelquefois reine. Dans ce pays (…) on trouve d’admirables exemples de l’axiome de Platon, qui disait: « En ce qui concerne sa nature, la femme est capable de toutes les entreprises permises à l’homme. » Y a-t-il un seul modèle pour l’émancipation féminine ? L’expression artistique féminine est-elle commandée par des modèles masculins ? L’art a-t-il un genre ? Le futur Centre Culturel de Rencontre se doit de poser ces questions à travers des manifestations et des rencontres qui ne se limitent pas au seul Palais GLELE, mais aussi à d’autres palais comme le Palais AKABA.

A quoi va ressembler ce centre une fois installé ?
Les centres culturels de rencontre sont des projets culturels, artistiques et intellectuels inscrits dans des sites patrimoniaux remarquables qu’ils contribuent à sauvegarder et valorisés. Ils mettent en œuvre des activités culturelles, artistiques, pédagogiques, sociales, touristiques à l’année.

Ce sont des lieux de résidences, d’accueils de rencontres des différents publics. Ils portent une dynamique de développement territorial. Tout en s’inscrivant dans des alliances entre les différents partenaires publics, la société civile, et d’autres partenaires venus du monde économique, touristique et pédagogique notamment, ils disposent naturellement d’une gouvernance et d’un directeur qui incarne le projet. Le site choisi pour abriter le premier centre culturel d’Afrique noire est le Palais du Roi GLELE. Il existe une quarantaine de CCR dans le monde dont une vingtaine en France.

Et ses impacts ?
Les Centres Culturels de Rencontre se sont fixé pour mission de réaliser la synthèse entre un grand monument ayant perdu sa fonction originelle et un projet intellectuel et artistique ambitieux qui assure son sauvetage et sa réhabilitation.

Ils conjuguent ainsi deux objectifs majeurs de l’action culturelle : la sauvegarde du patrimoine et l’enracinement du développement culturel.

Laboratoires d’expérimentation sur l’animation du patrimoine et les rapports entre patrimoine et création, ils intègrent la dimension de l’économie d’entreprise. Ils représentent le résultat d’expériences menées en parallèle depuis 1972, en divers lieux, expériences qui permettent d’envisager aujourd’hui la mise en œuvre concertée d’orientations commune. Ceci dit le centre culturel de rencontre contribue à l’image d’une destination. Nous sommes convaincus qu’au-delà de l’apport économique évident, le tourisme, les touristes contribuent à un renouvellement des regards, au développement d’une relation institution – artiste – public autre, propre à nourrir aussi des objectifs « strictement culturels »…

Quelle est la part de responsabilité de la ville- bénéficiaire ?
La ville d’Abomey, représentée par M. Glélé, la Maire, est le maître d’ouvrage de l’opération.

A ce titre, elle assurera les procédures de mise en concurrence et de conclusion des marchés ou commandes selon les prescriptions en vigueur au Bénin.

Le maître d’ouvrage adressera à l’AIMF :
– le rapport d’analyse des offres et le procès-verbal d’attribution des marchés de travaux et de services,
– un exemplaire complet (avec les plans) des dossiers de marché original,
– l’ordre de service de commencement des travaux,
Le maître d’ouvrage validera les dépenses et adressera à l’AIMF les différentes factures.

A la date d’aujourd’hui, quel est me niveau d’évolution de sa réalisation ?
Nous sommes à 85 % de mobilisation des fonds. Nous attendons une suite du ministère de la culture du Bénin qui a été sollicité depuis juillet 2016.

Ici, le regard critique de Pacôme Alomakpé, Spécialiste des questions de patrimoines

Pacôme Alomakpé, Spécialiste des questions de patrimoines

Pacôme Alomakpé, Spécialiste des questions de patrimoines

Une analyse du projet en question devrait aborder à mon humble avis deux volets/aspects. Le premier volet lève le voile sur la pertinence d’un projet culturel d’envergure internationale mettant en exergue la notion de partenariat-public privé (PPP) dans le domaine de la gestion du patrimoine culturel au Bénin. Je ne reviens plus ici sur le statut acteur de la société civil de l’initiateur du projet qui a bénéficié de la collaboration des autorités locales et sans doute de l’Etat. Mieux l’initiative force l’admiration pour s’être lancé dans cet effort élogieux de valoriser et de promouvoir un maillon des sites des palais royaux du Bénin, le seul et unique patrimoine culturel matériel béninois inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco à la date d’aujourd’hui.

Le second volet réside dans le pragmatisme d’un projet culturel l’objectivité nécessite une cohérence inconditionnelle liée aux exigences professionnelles propres à la bonne gestion du patrimoine culturel. A cet effet, des inquiétudes peuvent être soulevées aussi bien sur la pertinence que sur la démarche de mise en œuvre du projet. Sur le point de la pertinence, un centre du genre devrait prendre en considération la question de l’interprétation. La rencontre seule ne suffit pas et l’espace devrait représenter un creuset où se déploient et se révèlent les actions qui concourent à revaloriser le système politique royal de Danxomey.

En ce qui concerne la démarche, une action de mise en valeur d’un bien inscrit sur la liste du patrimoine culturel n’est pas une action quelconque. Elle impose une approche systématique de respect des exigences des textes en la matière. Déjà, la mise en œuvre du projet devrait tenir compte du plan de gestion du site, des modalités d’intervention sur un bien patrimonial mondial, de la loi 2007-20 du 23 Août 2007 portant protection du patrimoine culturel en République du Bénin… Retenons simplement que la mise en œuvre du projet que nous analysons devrait se faire en fonction d’un ensemble de conditions et d’exigences qu’il faut la présence permanent d’un regard professionnel pour éviter que les textes et conventions ne soient fâcheusement et en continu transgressés.

Réalisation : Esckil AGBO

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