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40 ans du Cerdotola : L’institution, les langues africaines et le développement

L’ouverture de la cérémonie marquant les quarante ans du Centre International de Recherche et de Documentation sur les Traditions et Langues en Africaines (Cerdotola) a eu lieu le lundi 09 octobre 2017 en présence des autorités administratives, des rois et chefs traditionnels d’Afrique et du représentant personnel du chef de l’état, le ministre des arts et de la culture du Cameroun, Narcisse Kombi Mouellé.

Pour ces noces d’émeraudes, le Cerdotola a choisi la prestigieuse salle de conférence du Palais des Congrès pour honorer ses hôtes du jour. Une cérémonie d’ouverture qui s’est tenue en présence des grands noms de la culture et de la renaissance africaine, rehaussée par la présence du Ministre des Arts et de la Culture camerounais représentant personnel du Chef de l’Etat, Narcisse Kombi Mouellé.

Ils sont venus du Mali, du Sénégal, du Ghana, de la RCA, de la Côte d’Ivoire, du Nigéria, de l’Afrique du Sud, de la RDC-Congo, de l’Ouganda, du Bénin, du Cameroun, ces dépositaires des traditions et valeurs sociétales et ancestrales pour convoquer les dieux africains et bénir le site qui accueille depuis trois jours déjà les différents délégations venues célébrer la fête de la culture et de la renaissance africaine.

Ayant pris la parole tour à tour ces éminences grises et émérites savants africains ont magnifié la grandeur culturelle de l’Afrique, inviter la jeunesse africaine à se réapproprier les valeurs africaines sous tous les angles, linguistique, musicale, sanitaire, et aussi alimentaire.

Emergence par les traditions
Depuis prés de 40 ans le Cerdotola œuvre en Afrique pour la réhabilitation de valeurs africaines. Cette institution qui a décidé de sortir du régionalisme et de s’ouvrir à l’Afrique entière afin qu’elle puisse parler une seule langue est aujourd’hui une institution incontournable avec pour vision première, de réconcilier les Africaines avec leurs traditions.

Le Cameroun, terre des balafons, de songho, de fantasia et tous les arts africains réunis, ne pouvait être que le sein hébergeur de cette organisation. A coté du parcours chaotique et du destin fatal d’autres institutions du même acabit, créées dans les mêmes années, on peut dire que le Cerdotola a réussi à se positionner sur une perspective de croissance régulière.

Son rayonnement sur la scène internationale n’a cessé de grandir, avec l’ouverture des bureaux-pays dans plusieurs Etas-membres. Avec ce statut et cette ouverture, l’institution s’est dotée d’un autre mandat, celui de servir la renaissance africaine en donnant à l’Homme africain des repères inscrits dans son ADN culturel. Elle entend faire des traditions ancestrales et des langues patrimoniales, de sources inaliénables de développement et d’émergence.

Emergence par les langues
D’entrée de jeu, il faut reconnaître que les langues nationales occupent très peu de place dans les systèmes éducatifs des pays africains, surtout francophones. Certaines de ces langues sont enseignées comme matière et de façon optionnelle soit dans les lycées, soit dans les départements de linguistique dans les universités et non utilisées comme langue d’enseignement.

La célébration des 40 ans du Cerdotola ouvre un nouveau chapitre à cette action. Parmi ces nombreux programmes scientifiques, le Cerdotola a mis un accent particulier sur les langues africaines comme patrimoine africain et comme vecteur de développement de l’Afrique.

C’est ce qu’a rappelé le Malien S.E Adama Samassekou, Président de la Conférence Mondiale des Humanités dans son propos liminaire.

« La réintroduction des langues africaines dans l’éducation est devenue pour l’Afrique plus qu’un projet, un défi. Ces questions de luttes linguistiques trouveront les moyens dans la renaissance africaine, une Afrique qui doit s’ouvrir au monde à travers sa langue.»

En effet, si on considère la langue comme l’un des moyens qui permettent ou qui facilitent l’accès à des emplois décents au niveau national qu’international, les langues nationales d’Afrique subsaharienne sont –elles à mesures pour le moment de remplir cette fonction dans un contexte de mondialisation et de globalisation ?

Ce sont là autant de questions et de couloirs à explorer. Le Cerdolota du Professeur, Charles Binam Bikoi s’est résolument engagé pour y trouver des solutions.

Pour cette Institution, il est fort probable, et même démontré que c’est par une politique étatique forte et un appui à la société civile en faveur de l’intégration des langues nationales dans le système éducatif et dans l’administration qu’on pourra prétendre à une éducation qui permette à tous les enfants africains sans exception d’émerger.

Le Cerdotola aujourd’hui est une institution plurielle et pluriculturelle qui incite à la découverte du continent à travers les œuvres de ses chercheurs. Elle invite les Africains à assumer leurs identités africaines en rassemblant les cultures d’Afrique vers une même vision. Culture science développement, cercleS vertueux qui font de cette institution un organisme de référence pour la promotion des valeurs patrimoniales Africaines.

REACTIONS DE QUELQUES PARTICIPANTS

Sa majesté Ngompé Elie, Chef Supérieur Bafoussam (Cameouron)
« Comme vous le savez le Cerdotola est un organisme qui appuie la société traditionnelle à travers ses langues à travers ses traditions. Nous sommes regardants en ce qui concerne le patrimoine immatériel de notre communauté parmi lequel on a nos langues et nos traditions. A Bafoussam, la radio communautaire qui envoie des créations linguistiques, le « ghomela » y est parlé. Nous travaillons en sorte que quand on va lancer les langues patrimoniales dans les programmes scolaires au Cameroun, que le « Ghomela » ne soit pas absent. On a une commission qui intervient aussi dans le comité de développement de la ville de Bafoussam pour la promotion des langues , de la culture et de la tradition à travers le festival Nyang Nyang qui emmène les jeunes à connaitre leurs cultures et à tenir compte du faite que l’Afrique a des valeurs ».

Sa majesté Nana Adou, chef supérieur Bandoukou (Côte d’ivoire)
« Nous avons l’obligation de participer à ce rendez- vous. Les rois et chefs africains ont le devoir de se retrouver pour cette fête. Il faut enseigner nos langues à nos enfants. Nous le faisons déjà au niveau de la Côte d’ivoire dans notre communauté. Lorsque qu’un enfant ne parle pas sa langue, il perd de sa culture et de son identité culturelle. A partir du primaire chez nous nos enfants sont confrontés aux deux langues, celle de notre patrimoine et celles de l’occident et on ne lésine pas sur les moyens pour y parvenir. Un pays ne peut pas se développer sans sa culture. Il faut savoir ici que ce sont les deux éducations qui font l’émergence d’un pays ».

Martin Kruger, Président du Conseil Allemand de la musique représentant du Président du Conseil International de la Musique (CIM).
« Le CIM a demandé de m’inviter particulièrement, parce que l’Afrique a une grande place dans ce conseil. Il faut commencer à réfléchir sur ce concept car il est très important. En Allemagne, nous avons un regard particulier sur cette musique là, et nous pensons réellement travailler pour la valorisation de ce genre de musique au sein du Conseil international de la Musique. Mais il faut rappeler que la structure œuvre pour la diversité des expressions culturelles mais avec de modestes moyens. En Allemagne nous avons plutôt beaucoup de possibilités et de forces pour rehausser ce genre musical ».

Guy kede, artiste plasticien, Promoteur du label Icône, exposant.
Le Cerdotola fait la promotion des langues africaines. Nous aussi au niveau de Label Icône, notre projet d’art et céramique est dans la promotion des langues et cultures africaines. Nous luttons donc pour une même cause : promouvoir l’Afrique et la sortir de l’inertie, vulgariser les matériaux locaux pour l’émergence de l’Afrique. J’expose ici sur les céramiques. Avec l’argile locale et la terre du terroir, on peut fabriquer des tasses des plats sans importés. On profitera aussi de ce quarantenaire pour présenter les résultats de nos recherches sur l’écriture « shumum » qui est une écriture inspirée par le roi Njoya, Roi des Bamoun, et nous implémentons les résultats de ces recherches dans la vie courante ».

Réalisation : Edithe Valerie Nguekam, Correspondante / Cameroun

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