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« 25 décembre »: la géométrie de l’enfermement de l’humain

Ce mercredi 11 mars 2020, la salle Niangoran Porquet du Palais de la Culture d’Abidjan a accueilli la deuxième représentation du spectacle 25 décembre de la Compagnie Tout Gran Théâtr Djogbé. 75 minutes de plaisir, 75 minutes de purge et de tentatives d’épuration de l’humain où deux dames, Florisse ADJANOHOUN et Nathalie HOUNVO-YEKPE, portent des rôles et des charges à travers des figures géométriques de l’enfermement de l’humain.

En tant qu’objets, les figures et les formes portent une dimension symbolique à travers leur capacité à désigner, à signifier ou même à agir. Interprétations, sens ou valeurs peuvent s’y dégager aisément compte tenu des cultures, des espaces ou des contextes.Le spectacle « 25 décembre » de la Compagnie Tout Gran Théâtr Djogbé porte une mosaïque de symboles, de figures et de formes qui concourent à l’expression d’une géométrie de l’enfermement de l’humain dans ses choix, ses engagements et ses convictions. En dehors du texte porté par les comédiennes qui exprime clairement ce choix thématique, il ne sera pas superflu de s’intéresser à cette géométrie de l’enfermement qui s’épanouit autrement dans les choix esthétiques du spectacle.

Tenez, d’abord les lampes au néon de 0,60m utilisées sont disposées en rectangle. Elles emprisonnent le décor et l’espace du jeu. Déjà, on y lit une clôture symbolique de la muraille d’une prison physique, métaphysique. Ensuite, au fond de la scène, il y a un tableau en rectangle horizontal qui offre son espace aux journaux collés. Deux autres planches en rectangle vertical sont installées côté cour et côté jardin. De plus, les deux comédiennes Florisse ADJANOHOUN et Nathalie HOUNVO-YEKPE portent des salopettes. Une salopette, vêtement composé d’un pantalon à taille haute dont le devant se prolonge vers le haut et qui s’attache à l’aide de bretelles. N’oublions pas, le pantalon est fait de rectangle vertical. Les brettelles des salopettes des comédiennes de « 25 décembre » dessinent un rectangle du haut de leur poitrine. Ces formes rectangulaires pensées dans les créations costumières et scénographiques ne sont que des répondants de l’enfermement.

Le rectangle est une figure fermée, qui emprisonne ; qui détient. C’est une incarcération sans aucune possibilité de sortie. A l’interne, l’espace est ouvert et permet une libre action au sein du cadrant. Une manière de permettre un épanouissement de votre passion qui vous enferme et qui emmure. Dans l’interview accordée au journaliste de la radio nationale du Bénin Hermann Kouadio KPOKPAME, le metteur en scène Didier Sèdoha NASSÈGANDÉ a ouvert une fenêtre qui certifie notre perception « « 25 décembre » est une sorte de symbolique. Dans le traitement, je mets les deux dames dans leur format de prison car tous les êtres humains sont emprisonnés. Emprisonnés par leurs ambitions, leurs amours, leurs passions etc. La prison n’est pas qu’univers carcéral. Tout le monde se déplace avec sa prison. Et c’est ça 25 décembre. »

Comme les couleurs, les formes influencent notre perception des choses qui nous entourent.Angles, carrés, rectangles, triangles, losanges… Toutes ces formes apportent « agressivité et fermeture ». Ce n’est pas dans le spectacle de « 25 décembre » que la figure rectangulaire fera une exception car le metteur en scène Didier Sèdoha NASSÈGANDÉ a fait des études universitaires de Droit et de Philosophie, science mère et pluridisciplinaire.

Paterne Djidéwou TCHAOU

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