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Théâtre_We Call It Love : Rwanda, après le génocide

Présenté à la Maison des Métallos à Paris du 13 au 18 mars 2017, We Call It Love évoque les 100 jours les plus sombres de l’histoire du Rwanda. Cette pièce de théâtre a été créée à partir de recherches documentaires et d’interviews sur le thème des droits de l’Homme et de la mémoire des génocides. Sur un texte de l’essayiste sénégalais Felwine Sarr, la mise en scène est signée par le metteur en scène congolais Denis Mpunga et la comédienne rwando-belge Carole Karemera.

Une femme va à la rencontre de celui qui a tué son fils Albert sur une barrière en 1994. Plus qu’un besoin d’accusation, cette mère cherche les raisons qui ont poussé un même peuple à se déchirer. Elle cherche aussi à faire revivre son fils unique au travers du récit de son bourreau. Ce dernier semble désemparé, non qu’il regrette son geste, mais parce qu’il est imprégné de ce sentiment de perte qui habite chacun des rwandais après le génocide, par ses morts et ses désillusions. Mais Faustin, le jeune bourreau, précise que « lorsque la pluie est tombée nous avons tous été mouillés ». Nul retour en arrière possible.

Au moment où les bourreaux reviennent vivre sur les collines, cette mère invoque Imana (la divinité unique ancestrale du Rwanda) pour qu’elle lui donne la force de se lever tous les jours. Elle invoque Imana pour que ses morts sans sépultures n’allègent pas sa peine, garde sa mémoire intacte et la préserve de la haine. En égrainant les différentes étapes des massacres des tutsi au Rwanda, 1959, 1973, 1991, 1992, 1993, 1994, cette mère rappelle que personne ne peut prescrire le pardon. Elle n’en invoque pas moins, collectivement, la nécessité de franchir la barrière de la perte, de l’offense, de la haine pour se reconstruire.

De ce dialogue qui fait revivre l’amour de ce fils unique, de cet amour qui l’étouffe, la mère interroge le bourreau : « de cet amour, qui en a le plus besoin ? Je crois que c’est toi Faustin. Désormais, tu es mon fils en humanité ».

La mise en scène de Denis Mpunga en bi-frontal permet aux comédiens et au musicien d’évoluer au milieu ou tout autour du public, l’entourant d’une présence sonore continue et en lui donnant le sentiment de ne pouvoir s’extraire de ce cercle, de cette humanité.

En interrogeant par la petite histoire de l’homme, Carole Karemera cherche à faire surgir la mémoire du génocide et faire du théâtre ce possible échappatoire pour construire un monde plus juste. Dans sa lutte contre l’oubli, et plus que la contrition et le pardon, We Call It Love est un appel à l’humanité et au besoin de vivre ensemble pour restaurer le futur.

Distribution :
La mère – Carole Karemera
Fausin – Michael Sengaz
Musicien – Hervé Twahirwa

Adrien Guillot / Paris, mars 2017

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