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RIAO 2015 : L’origine de la sexualité physique dans un conte

A la  deuxième  grande soirée contée, samedi 21 mars dernier à l’institut français de Cotonou, l’histoire ayant retenu plus d’attention est celle racontée par le Togolais Allassane Sidibé alias Al Sydy. C’est un conte érotique ayant mis en relief la sexualité de l’Homme.

Dans un accoutrement sobre, le conteur du Togo fait son entrée sur scène. Il lance un cri de ralliement pour orienter l’esprit du public vers sa petite personne. Al Sydy, assis sur un tabouret installé au centre de la scène, commence histoire :
« Je voudrais raconter l’histoire de la vieille et belle Aïcha. Elle est vieille mais elle a encore un certain maintien. Elle est vieille mais elle a un charme qui peut encore envoûter. Quand la belle Aïcha passe, c’est un spectacle. Quand elle passe devant un âne castré, celui-ci retrouve sa virilité. Elle vit avec deux jeunes filles dans une grande maison pas très loin d’une forêt. Et tous les jours, elle va dans la forêt chercher du bois mort tandis que les deux jeunes filles écrasent le mil pour le repas du soir. Tous les jours, c’est comme ça. Quelques fois, les filles veulent aller dans la forêt et la vieille dit non, « la forêt reste encore dangereuses pour les filles surtout les filles de votre âge ». Donc, c’est la vieille qui va à la forêt tous les jours.
Un jour, elle va à la forêt. Ce jour- là, le vent a soufflé, le vent a soufflé et très fort. Et donc les branchages, il en avait partout. La vieille Aïcha a ramassé un fagot qui était plus gros que d’habitude. Elle se rend compte qu’elle ne peut pas le porter toute seule. Elle se met à faire des va –et- vient pour chercher quelqu’un qui va l’aider. Elle passa plusieurs minutes. Personne ne passe. Résignée, elle revient vers son fagot de bois pour diminuer le nombre et là, son pied heurte quelque chose. Quelque chose qui ressemble à un serpent mais qui n’en est pas un. La chose l’interpella en ces termes : « oh la vieille, regarde où tu mets les pas ». La vieille Aïcha, étonnée, l’interrogea :
– Eh toi, qu’est-ce que tu cherches ici ?
– Et la chose de répondre : « moi, je suis là pour aider celle qui veut que je l’aide !
– Mais moi, je veux qu’on m’aide à porter mon fagot de bois sur ma tête.Mais toi, tu peux aider qui ?
– Je peux t’aider vieille femme.
– Comment tu feras ?
– Eh bien, prends moi et mets – moi sous ton pagne et tu verras que je peux t’aider.
– Et qu’est – ce que tu y feras ?, demanda la vieille
– La chose répond : « mettre la poule dans le poulailler, c’est l’affaire du propriétaire de la poule. Mais trouver sa place dans le poulailler, c’est la poule même qui le fait. Mets- moi dans ton pagne et tu verras.
La vieille prend alors la chose et la met sous son pagne. Cette chose, préalablement molle devient tout de suite dure et puis raide. Cette chose se met à faire des va dans le pagne de la femme. Et puis des vient et puis après des va –et- vient.
Et ça chantait sous le pagne : nouvou nan nonvô…. Nouvônouvô …. Nouvounangninangninouvônouvô.
En ce moment, la vieille devint vigoureuse et réussit à porter le bois de fagot sur la tête.
Arrivée à la maison, elle cherche une calebasse et cacha la chose là – dans.
Des jours après, le fagot finit, et la vieille demanda à ses filles d’aller à la forêt chercher du fagot. Les filles partent donc à la forêt.
La vieille entre dans sa chambre et sort la petite chose qui ressemble à un serpent et qui n’en est pas un. Elle la met sous un pagne et commença à écraser le mil. Pendant ce temps, la petite chose faisait sous son pagne nouvou non….
Les filles, de retour de la forêt étaient surprises de voir l’exploit de leur mère. Elles disent qu’il y a nécessairement un secret. Profitant d’une courte absence de la vieille, elles fouillèrent toute la maison et découvrirent la petite chose.

Ce dernier leur indiqua le même scénario et l’une après l’autre, elles se satisfirent.
La vieille, à son arrivée, constate l’acte de ses enfants. Fâchée, elle prit la chose, la coupa en morceaux et la jeta. Les filles qui l’observaient vont ramasser, par la suite, au dépotoir la petite chose et réussirent à la rapiécer.

L’une d’entre elles mit la chose sous sa jupe, jouit de toutes ses grâces et refuse de la retirer. Une vive dispute éclata entre les deux. En ce moment un homme passait. Il s’approcha des protagonistes. Les deux s’expliquèrent et l’homme pour résoudre le différend déclare :
« Il faut mettre la chose dans sa jupe mais moi j’ai un pantalon. » Est- ce possible ? Oui, lui répondirent les deux filles. Il ouvre alors son pantalon et met la chose. Dans le pantalon de l’homme, la chose prend siège. Ce dernier dit : puisque vous vous querellez pour ça, je vais garder ça pour vous. Le jour où vous en aurez besoin, faites signe et je viendrai. »
C’est depuis ce jour- là que les hommes gardent ça pour eux sinon, à l’origine, ce n’est pas pour eux. »

Le mot du journaliste sur ce conte
Ce conte, nul ne doute, est érotique. Et dans la tradition africaine, il était proscrit d’aborder les sujets de sexe avec les enfants. Toute analyse faite, on peut donc affirmer que l’histoire de la belle et vieille Aïcha n’est pas destinée aux adolescents. Ce conte, osons – le dire n’est pas pour les enfants. Les contes pareils existent depuis la nuit temps et constituent une riposte contre ceux qui pensent le conte est un genre pour enfant. C’est simplement une école de sagesse.

Jadis, les sages africains, trouvaient toujours des moyens pour expliquer les événements ou aspects de la vie qui semblent surnaturels. Le conte érotique en est un.

Esckil AGBO

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