Biennale d’art contemporain de Dak’Art 2014: Les artistes béninois laissent une trace indélébile dans le cœur des Sénégalais
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Promotion de l’art contemporain au Bénin : Ousmane Alédji rêve toujours d’une « vraie biennale »

Nous avons rencontré Ousmane Alédji à la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar, Dak’Art 2014. Récemment nommé Directeur par Intérim du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB), celui qui était considéré, à tord ou a raison, comme l’auteur principal du cafouillage observé lors de la 2è édition de la Biennale « Regard Bénin » en 2012, dit être présent dans la capitale sénégalaise pour, entre autres, soutenir la trentaine de plasticiens béninois qui y exposent. Il a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur l’expérience « manquée » du Bénin en matière de biennale d’art contemporain.

A quel titre retrouve-t-on Ousmane Alédji à la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar ?
Il faut savoir que plus de 25 artistes béninois participent à cette biennale pour présenter leurs œuvres. Donc, ne serait ce qu’en termes de suivi, le Bénin se devait de déléguer quelqu’un pour que les artistes ne soient pas laisser pour compte. Même si nous savons qu’ils sont ici dans un cadre précis, il fallait venir pour voir comment les choses allaient se passer. On est là aussi en tant qu’observateur mais aussi partenaire parce que la biennale de Dakar a pratiquement le même âge que le FITHEB (Festival International de Théâtre du Bénin). Ensuite, vous n’êtes pas sans savoir que j’ai été l’un des acteurs principaux de la Biennale Regard Bénin à Cotonou. Nous sommes donc là aussi à ce titre. Et enfin, nous sommes à Dakar pour voir des spectacles notamment du Théâtre National Daniel Sorano et d’autres compagnies sénégalaises dans le cadre de la programmation de la prochaine édition du FITHEB.

Vous êtes donc un représentant officiel du Ministère de la Culture du Bénin ?
Je n’ai pas reçu mandat officiellement pour représenter le Ministre de la Culture à Dakar. Mais étant Directeur Technique et cadre de l’administration culturelle béninoise, je peux dire que je représente un peu l’Etat. L’autre chose, et il faut le dire, est que nous aurions aimé que politiquement, il y ait des échanges bilatéraux entre les deux ministères. Je pense que ce sont des démarches à mener pour les fois à venir pour qu’une délégation officielle fasse le déplacement au même titre que d’autres ministères de la culture qui sont présents ici.

Ne trouvez-vous quand même pas curieux et un peu triste qu’avec une vingtaine d’artistes présents, le Bénin ne soit pas représenté par une délégation officielle ? Alors même que la Wallonie Bruxelles s’est chargée de programmer tous ces artistes…
Je pense que les choses doivent se faire dans les règles. Si les choses avaient été faites dans les règles, je ne crois pas que l’Etat béninois refuserait volontairement d’accompagner les porte-étendards de notre pays. Les ressources sont-elles disponibles ? Si oui, ont-elles été sollicitées à temps et dans les formes ?   Personnellement, je ne crois pas que le Ministère soit dans le refus absolu d’accompagnement de projet similaire. Il s’investit aussi avec l’Etat dans une biennale chez nous et donc n’ignore pas l’importance de participer à ce genre de rendez-vous.

Nous l’avons dit, pas moins de 25 plasticiens béninois participent à Dak’Art Off grâce à un projet conçu et développé par Wallonie Bruxelles. Vous avez visité les expositions. Qu’en avez-vous pensé ?
Il faut féliciter le travail de Martine Macet (commissaire de l’exposition « Bois Sacré », ndlr) et de toute la délégation de Wallonie Bruxelles International. C’est une excellente démarche mais il ne faut pas perdre de vue que ce foisonnement et la qualité de cette sélection sont dus entre autres au fait que nos plasticiens font du bon travail au Bénin. Quand vous voyez les artistes présents comme Ludovic Fadaïro, Dominique Zinkpè, Tchif, vous comprenez que c’est un travail sur le long terme qui trouve un relai avec l’accompagnement de Wallonie Bruxelles. Je trouve que l’exposition est excellente. Le catalogue aussi.

Vous y voyez donc une preuve de l’effervescence de l’art contemporain au Bénin ?
Absolument. Il y a chez nous un foisonnement sans pareil. L’effervescence en termes d’arts plastiques au Bénin est surprenante. Le Bénin  dispose d’artistes de génie et respectés. Quand vous sortez de Cotonou et même parfois de l’Afrique, c’est là que vous voyez que nous avons chez nous quelques créateurs majeurs. Il faut louer tous les acteurs qui font ce travail de formation et de diffusion depuis de très longues années ; à commencer par les dépositaires de ce qu’on appelait les arts premiers. L’effervescence qu’on constate au Bénin est donc unique et il faut non seulement la préserver mais aussi la promouvoir en tenant une biennale à Cotonou. On devra trouver la forme ou l’intitulé mais si mon avis était requis, je recommanderais fortement que nous installions au Bénin une vraie biennale et cette fois-ci fusionnelle qui favorise encore l’émergence d’autres talents béninois.

«Une vraie biennale » ? Vous reconnaissez donc que les expériences dernières étaient un fiasco ? Qu’est ce qui n’a pas marché ?
Nous ne savons pas travailler ensemble dans notre pays. Il nous faut repenser les choses. Il faut que nous apprenions à travailler ensemble, à taire les égos. Je pense que si nous savons taire nos égos, nous sommes capables de choses géniales, je n’en doute pas du tout. De toute façon, il y a aujourd’hui quelque chose en marche chez nous. Il y a comme une dynamique positive qui se met en place pour bien faire les choses, aller dans le concret.

Dans une interview récente accordée à Bénincultures, vous affirmiez que la Biennale Regard Bénin aura lieu en 2014. Entre temps, vous avez été nommé Directeur par intérim du FITHEB. Que devient la biennale ?
Aujourd’hui, je nuance un peu. Je ne suis pas le seul acteur de cette décision ou de ce projet. J’en ai parlé avec les différents partenaires notamment Dominique Zinkpè qui est le président. J’ai vu certains partenaires institutionnelles. A l’époque, je n’étais pas encore le directeur du FITHEB et nous étions entrain de projeter l’événement. Il y a même des partenaires béninois de la diaspora qui sont prêts à nous accompagner. Je pense que si cette biennale n’a pas lieu en 2014, elle aura lieu en 2015. Il ne faut pas que nous abandonnions ce projet.

Une biennale pour 2014 alors que la date n’est même pas encore connue ? Vous confirmez donc nos informations selon lesquelles un budget est prévu dans le Plan de Travail Annuel (PTA) du Ministère de la Culture pour l’organisation « obligatoire » de la biennale en 2014 ?
Je ne confirme rien. Ce qui relève des PTA est strictement confidentiel. Même si j’ai des informations à ce sujet, je ne peux pas vous les livrer.

Si cette organisation se confirmait, seriez vous encore prêt à le faire cumulativement avec votre fonction de directeur par intérim du FITHEB ?
Pour l’instant, à chaque jour suffit sa peine. Ce que j’endure au FITHEB depuis ma nomination me suffit largement. Je suis maintenant dans la culture du silence car les responsabilités qui sont les miennes m’obligent à prendre la hauteur. Et si je devais donner mon avis, je dirais qu’on pourrait trouver quelqu’un pour nous aider à porter ce projet pour son rayonnement.

Réalisée par Eustache AGBOTON Benincultures.com et Emmanuel T. TOMETIN Dekartcom.net

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