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Porto- Novo/ Musée Ibùgbé Isèbayé : Voici pourquoi vous devez le visiter

Musée IbùgbéI sèbayé. Photo amateur / DR

Les musées loin d’être de simples endroits où sont conservés et exposés au public des objets de valeur, sont bien plus encore, la mémoire voire le gardien de toute une civilisation. Ce rôle du musée, Youssoufou Adékpédjou l’a compris très tôt. Depuis plusieurs années, cet homme d’origine Yoruba s’évertue quotidiennement  à conserver pour les générations futures dans un musée à Porto-Novo le patrimoine culturel du Bénin. Un tour à Ibugbé Isébayé et le constat est hallucinant. 

Plus de  5000 objets antiques collectionnés et exposés dans un espace convivial en vue de la valorisation et de la conservation du patrimoine culturel et cultuel du Bénin. En guise de mémoire, cet espace créé en 2015 a pour nom « Musée Isèbayé ».

Il est situé au quartier Kpota en plein cœur de la ville de Porto-Novo et est le fruit de la passion de Youssoufou Adékpédjou, un ‘’antiquaire’’ attaché à ses valeurs endogènes. Comme l’indique son nom en yoruba, (Isèbayé, faits anciens ou du passé), ce musée est un espace exclusivement consacré aux faits de l’ancien temps. C’est le témoignage physique d’un abri contre l’ignorance et l’oubli des réalités ancestrales.

En témoigne la  forte présence d’objets des temps de l’esclavage, de la colonisation  et  du culte Vodoun. Dans ce musée, on retrouve des créations anciennes comme   les gongs, haches, chaînes métallique, les autels de divinités, des tablettes de Fâ (géomancie), des poteries, des tissus, des œuvres d’art, du bronze, du marbre et autres vieux matériaux, tous chargés d’histoire et datant majoritairement du XVIIe au XIXe siècle.

Selon les propos du Promoteur, Ibùgbé Isèbayé  est le fruit résultant de plus de vingt années de recherches et de collecte d’objets patrimoniaux.

Les débuts de Youssoufou Adékpédjou

Au départ, il était  un homme du business.   Il gagnait sa vie grâce à la vente de voitures. Cette activité lui a d’ailleurs permis de parcourir beaucoup de pays et ce, dès son jeune âge.  Mais le déclic pour les objets d’art surgit en lui à New York. En effet,  au pays de l’oncle Sam,  il avait  travaillé pendant quelques mois dans un musée.

Youssoufou Adékpédjou : « c’est aux Etats – Unis  que tout a commencé. J’étais fasciné par l’importance qu’ils accordent à leur culture. Là-bas, je n’ai pas vraiment gagné de l’argent mais j’ai acquis d’expériences. J’ai été contaminé par la fougue de réussite qui caractérise les Américains».

De cette expérience est née une passion que l’homme a su entretenir et développer pendant des années avant de la matérialiser dans son musée aujourd’hui.

Pour Youssoufou Adékpédjou, le but recherché n’est pas la richesse financière mais celle de l’esprit. Il s’est assigné cette mission dans le but de préserver l’héritage de la culture béninoise.

« Beaucoup de Blancs surtout des responsables de musée viennent  me voir pour acheter des œuvres, mais je refuse à chaque fois », confie-t-il à dekartcom.net, tout serein. Il estime que ce serait trahir son objectif de départ que de se mettre à vendre l’histoire de sa patrie. Léguer à la génération future son patrimoine culturel est le plus important. Il y voit un sacrifice, voire une mission.  Cette passion, on la perçoit mieux quand on fait une visite proprement dite du musée.

Un tour dans le musée

Autodidacte, Youssoufou Adékpédjou, n’a ménagé aucun effort pour faire de ce musée un cadre attrayant à travers sa scénographie. Chaque compartiment avec son lot d’objets et son histoire à raconter. Dès l’entrée, c’est le propriétaire des lieux même qui se substitue en guide et accueille avec des mots  et  sons de gong son visiteur. Accrochés au mur ou exposés au sol  des gongs et d’autres objets en fer noir, jadis,  prisés   pour le système de troc, jouxtent le long de la salle. Avec une aisance remarquable, ‘’l’antiquaire’’ fait l’apologie d’un objet à un autre. Des objets jusqu’aux tablettes de Fâ disposées au fond de la salle en passant par les autels d’Assins (autel dédié aux défunts) et d’Ogou (dieu du fer), les poteries, la salle réservée aux pagnes tissés et les  anciens bijoux conservés dans une vitrine, il n’omet rien. Sans confusion, il transmet au visiteur l’histoire et l’utilité de chaque objet.

Youssoufou Adékpédjou, n’a pas fait que collectionner des objets endogènes, il en a aussi collectionné de symboliques. Des fusils datant de la 1ère guerre mondiale, des collections de billets, les tous premiers appareils photographiques, des téléphones, des gramophones encore en état et bien d’autres outils marquant le début de la modernisation ont aussi une place dans ce musée.

Les divinités quant à elles, occupent une place de choix dans la mémorable galerie. Loin du regard, sont installées dans une autre grande salle, des autels d’une dizaine de divinités. Ogou, Tchango, Ganbada pour ne citer que celles-là, cohabitent dans cet espace cultuel qui renvoie à l’identité spirituel du pays.

Ici la surprise pour le visiteur n’est pas seulement liée au nombre de divinités mais plutôt à l’année d’existence et l’histoire que chacune d’elles renferme.Venu d’Oyo, un costume d’Egungun (masque représentant les défunts)  de deux  siècles captive l’attention ainsi que de vieux masques traditionnels du Bénin, de la Côte d’Ivoire et d’autres pays africains.

Des visiteurs apprécient Le musée Isèbayé est certes, l’accomplissement d’un seul individu mais il valorise la richesse culturelle de tout un pays. Il suffit de feuilleter quelques pages du livre d’or posé juste à l’entrée de ce musée pour se rendre compte de la sensation que la visite de ce lieu suscite d’un individu à un autre.

Pour le Professeur Ibrahim Salami du Bénin, visiter le musée IbùgbéIsèbayé, c’est faire un merveilleux voyage dans l’histoire de la culture et de l’art africain. C’est une belle découverte, complète le touriste Modeste Dopemu. Magnificat, chante  l’Américain Mircea Lazar. Selon  celui-ci, au-delà de l’envergure historique que déploie ce musée, le guide  est aussi très passionnant. Ce qui a certainement permis à un autre touriste du nom d’Amir Bouraïma  de vivre en quelques minutes l’histoire de plusieurs générations. Impressionné, celui- ci promet de revenir un autre jour, cette fois- ci, accompagné de sa famille et de ses amis.

Inès FELIHO

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