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Pascal Wanou, ancien directeur du FITHEB :  « Je rêve de devenir un grand acteur »

Acteur de cinéma, comédien, promoteur culturel, responsable d’associations, de fédérations et même de confédérations culturelles, Pascal Wanou est tout pour la culture béninoise. Volontiers, en exclusivité, il nous a ouvert les portes de sa vie. On y a découvert une vie accomplie qui ne sent que la culture avec ses 55 bougies  soufflées. Mais au-delà de sa vie artistique, il nous a aussi permis de franchir le rubicond de sa vie privée. Et tout, oui, tout y est dévoilé. Et sans détour à travers cet entretien.

L’Evénement Précis : Vous avez été directeur du Fitheb. Vous avez laissé les affaires en 2014. Qu’est-ce qui vous occupe aujourd’hui ?

Pascal Wanou : Ce qui m’occupait avant que je n’arrive au Fitheb continue de m’occuper encore aujourd’hui. J’étais un comédien, metteur en scène et opérateur culturel. Avant d’arriver au Fitheb, j’étais dans le métier. Après la direction du Fitheb, je déroule mon festival RITM (Rencontre internationale de théâtre Monodrame). Je continue avec ce festival auquel j’entends donc donner une envergure plus importante. J’ai aujourd’hui plus de temps pour m’en occuper. Toutes ces activités continuent de m’occuper aujourd’hui. Je n’ai donc pas quitté le monde culturel pour autant.

Comme vous le dites, vous êtes un comédien et on vous a vu dans plusieurs films. Le dernier en date, c’est la série télévisée « Cœurs errant » dans laquelle vous avez été l’acteur principal. Depuis quand cette passion pour le cinéma est née puisqu’on vous connaît comme acteur du théâtre ?
Cette passion date de toujours, c’est-à-dire que le cinéma et le théâtre sont deux frères jumeaux. Moi, je le considère ainsi. Vous ne pouvez pas aller au cinéma, devenir un grand acteur de cinéma sans passer par le théâtre, sans aller sur les planches théâtrales. Il va vous manquer sûrement quelque chose. Pour moi, le théâtre est la rampe de lancement dans la sphère cinématographique. Mes premiers pas de théâtre datent de 1978. Je dirai même 1977 avec déjà les Muses du Bénin à l’époque. L’avènement des coopératives scolaires, dans le temps, m’a permis également de plonger une véritable arme de comédien dans le théâtre. Mais parallèlement, j’intervenais déjà dans des productions cinématographiques. Donc, pour moi, les deux allaient de pair. Depuis les années 1982-1983, mes interventions sur le plan cinématographique ont véritablement pris de l’ampleur. Beaucoup de producteurs de cinéma m’ont fait appel par rapport à mon talent de comédien. A titre illustratif, j’ai joué dans plusieurs productions de qualité dont, notamment, les téléfilms «Taxi brousse», «Le prix de la rivalité», «Dodji», «Agnikè», « Au nom de toutes les femmes» et le dernier en date, encore en cours, «Cœurs errants» pour ne citer que ceux-là. Je dirai qu’il s’est fait simplement que mon passage au Fitheb a été une parenthèse pour toutes ces activités qui m’appelaient sur la scène.

Le métier d’acteur de cinéma nourrit-il son homme au Bénin ?
Je poserai la même question en ce qui concerne le théâtre parce que ce sont deux disciplines jumelles, pour moi, en tout cas. Si jusqu’à aujourd’hui, le théâtre n’arrive pas encore à nourrir suffisamment son homme au Bénin, le cinéma l’est encore moins. D’abord, des décennies, le Bénin n’a plus connu de vraies productions cinématographiques. Quand je parle de vraies productions cinématographiques, c’est peut-être à la limite les courts-métrages ou les longs-métrages. Le Bénin n’en a plus connu jusqu’à aujourd’hui. Le phénomène que nous observons depuis un certain temps, c’est le phénomène que j’appelle le cinéma populaire. C’est le cinéma issu du théâtre populaire.

Quand on est acteur principal dans une production cinématographique, qu’est-ce que cela rapporte concrètement ?
Ça ne rapporte pas grand-chose.

A peu près combien ?
Ça dépend de la production, de son budget et de la durée de sa réalisation. Ce sont tous ces éléments qu’on prend en compte pour vous fixer un salaire.

Prenons l’exemple de la série «Cœurs errants» actuellement en cours de réalisation. Combien un acteur principal peut-il y gagner?
En principe, «Cœurs errants» est une série de 52 épisodes. Nous en étions aux 4 premiers épisodes. Si on doit respecter les règles de l’art cinématographique, dans une production comme celle-là, l’acteur principal ne devrait pas être à moins de 500.000 FCFA par épisode. Mais, au-delà de ça, il y a quelque chose que la plupart des producteurs cinématographiques ne prennent pas encore en compte au Bénin. Lorsque vous finissez la production, les images de l’acteur vont être vendues à travers le monde et ça doit aussi lui rapporter. Il a droit à des retours.

Vous voulez parler des droits voisins, sans doute
Oui. Jusque-là, les droits voisins ne sont vraiment pas encore pris en compte au Bénin. On vous dit juste qu’il n’y a pas d’argent et on vous donne votre cachet en tant qu’acteur.

Dites-nous. Pour être comédien si nous sommes dans le théâtre ou pour être acteur si nous sommes dans le cinéma, est-ce qu’il faut forcement faire une école ?
Je dirai pas forcement puisque moi, je n’ai jamais fait une école de théâtre. Pourtant, je suis un comédien sans fausse modestie, émérite. En tout cas aujourd’hui. Je n’ai jamais mis les pieds dans une école d’art dramatique. J’ai été formé sur le tas et je suis de cette génération. Pour autant, j’ai pu bénéficier de beaucoup de stages de renforcement de capacités. Et personnellement, je suis un autodidacte. Je fouille beaucoup, je lis beaucoup et je m’applique. Mais pour autant, je dis qu’on n’a pas besoin d’aller forcement dans une école. Au Bénin, notre environnement ne favorise même pas la chose. Nous sommes dans un environnement où vous êtes obligés de vous débrouiller. Le reste, c’est qu’il faut savoir vous approprier la connaissance nouvelle. Il faut compléter vos pré-requis. Si vous avez des acquis personnels, vous fouillez, vous cherchez un peu pour les compléter. C’est ce que je fais depuis plus de 35 ans que je suis dans le domaine.

Que peut-on retenir de votre formation académique ?
J’ai fait le collège du Golfe à Cotonou. Ça n’existe plus aujourd’hui. C’est là où j’ai fait mon premier cycle secondaire. Sinon, j’ai fait le Collège catholique Saint Michel à Cotonou. Quant au second cycle, je l’ai fait au Lycée Coulibaly. Je m’étais inscrit en série G, une formation technique. C’est là que j’ai appris les techniques de secrétariat. Après ça, je suis rentré à l’université où j’ai fait des études de droit. J’ai fait une maitrise en sciences politiques et relations internationales. En dehors de mon cursus académique classique, j’ai reçu beaucoup d’autres formations techniques professionnelles en Management culturel, en organisation administrative, en jeu d’acteur, en mise en scène et en administration de compagnie.

Pascal Wanou, acteur comédien, ancien directeur du Fitheb. Si on sort de ce cadre, que peut-on retenir de votre situation matrimoniale ?
Pascal Wanou est un père de famille. Marié, divorcé et actuellement avec une compagne. Il est père de 3 garçons. Son aîné est en deuxième année à l’université. Je ne peux pas dire que sur le plan matrimonial, je suis très comblé, mais je le suis quand même parce que j’ai des enfants. Il y a des gens qui sont dans de très bonnes situations matrimoniales, mais qui n’ont pas d’enfant.

Vous êtes un acteur de cinéma, donc toujours sous les feux des projecteurs. Selon nos observations, les femmes apprécient bien des hommes comme vous. Est-ce que c’est cette situation que vous vivez ?
C’est une affaire de conscience personnelle et de responsabilité. Il faut savoir ce qu’on veut faire dans la vie et ce qu’on veut faire de sa vie. Le métier de comédien ou d’acteur de cinéma n’autorise pas forcement toutes les dérives de la vie. Vous avez une conscience, vous savez ce que vous voulez faire de votre vie, vous vous dessinez un schéma de vie avant de rentrer dans cette carrière. Il n’y a pas de raison que vous ne puissiez pas respecter le schéma que vous vous êtes tracé vous-même. Moi, je me suis fait un certain schéma que j’entends respecter. C’est vrai que ce métier vous ouvre les portes de tout ce que vous pouvez vous imaginer comme plaisir de la vie. Vous avez les femmes qui tombent à vos pieds et c’est vrai. Mais ce n’est pas que cela la vie. Il faut savoir discipliner tout cela. Il faut savoir vous discipliner par rapport à tous ces plaisirs de la vie. Je me suis fixé une certaine discipline et une certaine limite, une ligne rouge comme le diraient certains, que je ne dois pas franchir.

La ligne rouge, est-ce de ne pas être polygame ?
Non, ce n’est pas seulement ça. Pour moi, la ligne rouge, ce n’est pas tomber sous les charmes, sous le coup de toutes les femmes qui viennent à moi. Il y en a une multitude qui arrive chaque fois. Je ne peux quand même pas soulever les jupons de toutes les femmes qui viennent vers moi.

Autrement dit, Pascal Wanou, aujourd’hui monogame, peut devenir demain polygame ?
Je n’ai rien contre la polygamie. La polygamie est un fait de société, c’est une situation matrimoniale. Je n’ai rien contre ça. Je peux être polygame demain, ça ne me gêne en rien. Pour moi, la polygamie est une question de responsabilité. D’ailleurs, je préfère encore la polygamie à la débauche, ou aux systèmes des «2èmes, 3èmes, 4èmes,… bureaux». Mais si je peux comprendre et apprécier la polygamie, il s’agit de ce que j’appellerais une polygamie responsable. Ce n’est pas le fait d’une mode. Si on n’est pas en mesure d’assumer, il ne faut pas s’y engager. Et de toutes les façons, Dieu n’a pas créé le monde uniforme. Il a fait certains de ses grands serviteurs, des polygames, et certains, monogames. N’oubliez pas que les plus grands hommes bibliques qui ont servi Dieu ont été de grands polygames. Donc, le monde est ainsi, certains hommes seront polygames, d’autres monogames. Et puis, pardon, mais si chaque homme sur cette terre ne devrait prendre qu’une seule femme, qu’adviendrait-il des autres centaines de millions de femmes ? Puisque statistiquement, elles sont plus nombreuses que les hommes. En tout cas, c’est un choix, et chacun fait son choix en toute responsabilité et l’assume.

Croyez-vous à l’homme fidèle ?
Je ne crois pas. Aucun homme sur terre n’est fidèle. Il n’y en a pas qui soit vraiment fidèle vis-à-vis de sa femme. Je n’y crois pas, c’est de l’utopie. Moi, je ne verse pas dans ça. Même les prêtres qui font vœux de chasteté et de fidélité à Jésus-Christ, ne le sont pas. J’ai vécu beaucoup de choses et je sais trop de choses. Il n’y a pas sur terre un homme qui peut dire qu’il a été à 100% fidèle à sa femme. Il y a toujours des situations où vous tombez toujours dans la tentation sans vous en rendre compte.

De quoi rêvez-vous aujourd’hui pour combler vos ambitions en matière de théâtre et de cinéma ?
Après plus de 35 ans de pratique théâtrale, Pascal Wanou rêve de devenir un grand acteur de cinéma. Je parle du vrai cinéma. Pour autant, je m’accroche quand même à mes activités théâtrales parce que c’est ce qui m’affiche. Même si je n’ai plus le temps d’aller moi-même sur la scène, je veux continuer à promouvoir mes jeunes frères et sœurs dans la pratique théâtrale. J’entends bien continuer de promouvoir les festivals théâtraux pour que cette génération montante puisse suivre nos pas. Nous sommes finissants. J’aurai 55 ans et je suis finissant dans la pratique théâtrale, même si j’entends continuer avec le cinéma. Si je ne laisse pas la main à une génération qui arrive, je n’aurai servi à rien. Voilà pourquoi mon ambition est de continuer sur la voie de la promotion des artistes à travers les différents festivals artistiques. Voilà mes deux grandes ambitions.

Source : L’Evénement Précis

 

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