Ousmane Alédji au sujet du CA/ FITHEB:« Ce que nous pourrions reprocher, c’est la précipitation »
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22 juin 2015

Le Chef de l’Etat béninois, le Docteur Thomas Boni Yayi, dans la nuit du jeudi 18 juin 2015, a  rendu publique, la liste des  nouveaux membres de son gouvernement. Une liste dite de fin de règne.   Et à la tête du ministère de la culture, de l’Alphabétisation, de l’Artisanat et du Tourisme, on retrouve le désormais ancien  maire de Bopa, Paul Hounkpè.

Le choix du chef de l’hôtel de  ville de Bopa pour succéder à Jean- Michel Abimbola est une surprise  pour  les Béninois, singulièrement les acteurs culturels (artistes, promoteurs  et journalistes).  L’homme est un profane en activités culturelles. Les arts, il les connaît à peine ou pas du tout.    Il serait donc  difficile de le classer  parmi les Hommes  du secteur culturel.

A priori, donc, sa  nouvelle mission  lui serait difficile.

C’est  « un intrus qui ne connait pas » la maison.  Alors,  il va  chercher à comprendre d’abord  le fonctionnement du ministère.  Et dans ce sens, des gymnastiques sont envisageables, étant donné la complexité dudit fonctionnement.  Ensuite,  il prendra  connaissance des dossiers et réformes  en cours.  Enfin, Paul Hounkpè, le tout nouveau patron de la culture au Bénin  dotera son institution d’une politique de gestion qu’il essayera de mettre en œuvre.   Mais il n’a que dix mois. Cela est –il possible ? L’ancien maire de Bopa, fortement imbibé des questions politiques, parviendra-t-il, en moins d’un an, à  satisfaire les attentes des hommes et femmes de la culture de son  pays ?

Sans fausse modestie, la réponse à cette préoccupation, est « NON ». Il ne pourra pas, surtout quand on sait  que ce  poste ministériel, à lui confié par le Chef de l’Etat  n’est qu’un  témoignage de reconnaissance  pour ses efforts  politiques   sinon électoraux dans la commune de Bopa. C’est un cadeau plutôt qu’une mission ; un profit plutôt qu’un enjeu.

Dans ce cas, il n’y a qu’une seule solution : obliger  le ministre profane à démissionner.   Une action que seuls  les acteurs culturels  sont qualifiés à faire. Ils sont les premiers concernés.  Les artistes, les promoteurs et journalistes culturels, s’ils veulent vraiment  hisser plus haut  la culture de l’ancien Dahomey, doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard.

Leurs homologues burkinabés, en novembre 2014, ont réussi à faire partir du gouvernement de transition,  le ministre de la culture, fraîchement nommé,  Adama Sagnon,  un ignorant des enjeux culturels du pays. A sa place,  Jean Claude Dioma, un acteur culturel incontesté, ayant conduit plusieurs activités culturelles dont  le SITHO (Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou), le Fespaco, la Semaine Nationale de la Culture (SNC). Impossible n’est pas béninois, dit- on.

A postériori,  le ministre  Paul Hounkpè pourrait  réussir sa mission.    Il suffit qu’il ait la volonté de bien faire et il parviendra à  satisfaire ses ‘’sujets’’.  Mais seul, il ne pourra pas.  La grande tâche repose alors  sur les directeurs techniques du ministère et les  acteurs culturels qui ont le devoir de l’accompagner, de manière sincère.

 

Réactions de quelques    acteurs culturels sur la nomination du nouveau ministre

 

Patrice Toton, artiste- conteur

Patrice Toton« Je souhaite qu’il soit, en complicité avec les directeurs techniques du ministère, qu’il mesure les enjeux de la culture au Bénin, et qu’il se mette au boulot,  à l’écoute des artistes et de leurs besoins en lien avec le développent durable de la culture au Bénin!  Travaillons, c’est à l’œuvre qu’on connait l’artisan… Ce qui est sûr , Paris n’est pas construit en un jour. Faire l’affaire est une chose et  faire de la politique » en est une autre!  C’est une question de bon sens et de volonté, de ce que  chacun veut et peut apporter à son pays »

 

Franck Ogou, Conservateur du Jardin des Plantes et de la Nature (JPN) de Porto- Novo

Franck Ogou« Tout d’abord, on n’a pas besoin  d’être un culturel pour être un bon ministre de la culture. Si celui -ci s’entoure des cadres compétents,  il peut réussir. Mais pour revenir à l’homme qui vient d’être nommé, on peut être déçu parce qu’on peut espérer mieux et il y a mieux dans le pays. Cette nomination confirme que la culture fait partie des dernières préoccupations de nos dirigeants car on a comme impression qu’à ce niveau, on exige aucune compétence et je ne fais pas d’injure au tout nouveau ministre. Espérons que celui- ci soit bien conseillé et s’entoure de bons cadres pour mener à bien son cahier de charge s’il en avait un. Par ailleurs on peut aussi conclure que c’est l’échec des  acteurs culturels qui ne sont pas une force de pression parce que divisés par les intérêts personnels et égoïste. »

 

Soubérou Osséni, Manager  culturel

Soubérou Océni« Etant donné que je ne connais pas personnellement le nouveau ministre ni son parcours, à part qu il a été maire de Bopa, je me donnerai un certain temps avant d’apprécier. Au regard des premiers actes, je pourrai me prononcer donc. Le gros problème pour ce ministre et tous les nouveaux, est le temps. Nous sommes à 8 ou 9 mois de la fin du mandat. Je ne sais pas si ce temps est suffisant pour maîtriser les dossiers, construire une vision et la mettre en œuvre. Cela me semble difficile mais il y a de très bons managers, qui apprennent vite, qui savent tirer le meilleur de leurs collaborateurs. Je ne sais pas  si c’est son cas. Comme on dit, c’est à l’œuvre qu’on reconnaît le vrai ou le bon artisan. Personnellement, j’avoue que je redoutais cette situation, pas seulement pour le ministère de la culture, mais tous les ministères. … Faut -il s’en inquiéter ou s en désolé ?Wait and see.»

Tony Yambodè, Promoteur culturel

Tony Yambodè« Permettez-  moi d’abord de souhaiter bon arrivée à mon nouveau ministre de la culture, M. Paul Hounpkè.   Je m’attendais à quelqu’un qui connait bien la maison culture, mais que pouvons-nous? Etant donné que je ne suis pas décideur. Ce nouveau ministre prendra encore du temps pour comprendre le fonctionnement et ce sera une perte de temps. Je vais d’abord  lui dire   de savoir et d’être convaincu que la culture est pourvoyeur de richesse et que cela contribue 6 fois au PIB de l’économie française que l’industrie automobile. Etant donné qu’il sera notre porte- parole au gouvernement, du moment qu’il est convaincu de cela, il défendra mieux avec des arguments solides son secteur d’activité. Je vais demander ensuite   au ministre de se faire entourer des professionnels qui ont fait leurs  preuves  sur le terrain car la gestion de la chose culturelle s’apprend comme la médecine. Ceci  afin de continuer les grands chantiers amorcés par son prédécesseur. »

Carlos Zinsou, comédien- conteur

Carlos Zannou« Je ne sais pas si je dois être indigné ou  je dois me gonfler d’amertume. Cette nomination  pose une question : Comment les dirigeants au sommet appréhendent-ils le secteur culturel de notre pays ? Sous réserve de voir ce qu’accomplira l’homme et je crois, à ma foi,  pas grande chose, il est utile à ce stade de jeter un coup d’œil sur la politique culturelle de ce dernier dans la commune de Bopa où il était jusque- là maire.  Mais avant tout, je lance un appel à tous les acteurs culturels: il faut qu’on fasse comprendre aux dirigeants que la culture n’est pas un fourre-tout où il faut envoyer n’importe qui, n’importe comment. »

Réalisation: Esckil AGBO

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