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Fitheb 2014, ça frise  l’amateurisme

Le Festival International  du Théâtre du Bénin  (Fitheb) est avarié. Le plus grand festival de théâtre d’Afrique qui s’annonçait avec éclat, il y a encore quelques semaines, s’est arrêté. Et on ne sait pas quand prendra-t-il   un  nouveau départ.   A l’origine, un communiqué  d’Ousmane Alédji, Directeur intérimaire de l’institution chargée  d’organiser l’événement   indique un nouveau report de la douzième édition  de ce festival. L’adjectif qualificatif « nouveau » implique qu’il y en avait  eu d’autres. En tout  cas, au moins un  premier report avant celui de la semaine écoulée.  Or, quelques  heures après sa prise de fonction le mardi 25 février 2014,  l’actuel homme fort du Fitheb  avait dit qu’il tiendrait l’acte 12 de cette eucharistie théâtrale d’Afrique   du 29 novembre au 07 décembre 2014.  A la faveur d’une conférence de presse qu’il a organisée  le 02 septembre passé au siège de l’institution à Cotonou,  Ousmane Alédji et son équipe ont annoncé une nouvelle date : du 06 au 14 décembre 2014.   La  raison  qu’il avait avancée pour justifier cette modification  était liée au 15ème sommet de la francophonie qui se tiendra du 29 au 30 novembre à Dakar et auquel,  devraient prendre part, le Chef de l’Etat, le Docteur Boni Yayi et le ministre de la culture, Jean – Michel Abimbola, tous deux invités pour assister, en personne,  à la cérémonie d’ouverture officielle  du Fitheb 2014, prévue pour le 29 novembre. Depuis le samedi 08 novembre passé, la date  annoncée  le 02 septembre  n’est plus valable. L’événement est reporté, cette fois- ci, à une date inconnue. Pour motif, Ousmane Alédji  évoque la fièvre ébola. Facile à dire mais difficile à comprendre.

Car, des pays voisins ont tenu leurs manifestations culturelles malgré tout.

Le Nigéria, bien qu’il soit sous la menace du virus Ebola n’a pas manqué de respecter son agenda culturel. Pour preuve, en octobre  dernier et ce, pendant trois semaines, il a déroulé la douzième édition du festival Olokoun, une manifestation destinée à valoriser les richesses de l’ère culturelle Yoruba.

En Tunisie, malgré le printemps arabe de décembre 2010,  la 47ème édition du Festival International de Carthage s’est déroulée. Et ce, du  Mardi 05 juillet au Samedi 06 août 2011. Soit quelques mois seulement après la crise.  Le Festival  International de Carthage a vu le jour en 1964 et  est considéré comme un des festivals arabes, africains et mondiaux les plus importants. Depuis l’historique immolation du  jeune chômeur  Mohamed Bouazizi,  la Tunisie  ne l’a jamais raté. La 50ème édition s’est tenue  du 10 juillet au 16 août 2014.  D’un autre côté, le Burkina Faso, selon les informations,  est plus soumis au risque d’ébola  que le Bénin. Pourtant, il a célébré, en octobre dernier  le Festival International de Théâtre et de Marionnette d’Ouagadougou (FITMO). Et malgré la dernière crise, les  hommes du pays intègre ont réussi l’organisation  de la 8ème édition des Récréâtrales.

Ces différentes nations, nonobstant les turbulences dues à  diverses raisons ont tenu le coup. Pourquoi pas le Bénin ?

Le motif d’Ousmane Alédji, osons le dire, n’est pas  fondé, quand on se réfère à la  solution que lui-même avait  proposée   aux journalistes Boris Adohouannon et Henri Morgan des quotidiens La Priorité et Le Matin,  lors de sa dernière conférence de presse.  Il avait  fait savoir que  la prise des mesures sanitaires, singulièrement, par rapport au virus Ebola ne relève pas de ses compétences. C’est un problème général mais qui ne devrait en aucun cas bloquer  le déroulement du festival, a-t-on retenu de ses propos. Revenir aujourd’hui et exposer  comme argument de report sine die, la fièvre Ebola laisse à réfléchir.  Ousmane Alédji n’a pas encore dit ce qui bloque véritablement le  Fitheb 2014.

En attendant  cela,  faisons un peu d’analyse. Le 02 septembre dernier, au cours de la conférence de la presse, le directeur intérimaire du Fitheb avait déclaré : «  Je ne veux pas faire le Fitheb à crédit ni avec des dettes ». Cela montre sa détermination à organiser un événement sans anicroches. On  déduit également de ses propos  un appel à l’endroit de l’autorité de tutelle : le décaissement des fonds.  Mais son invite a-t-elle été écoutée ? Bien malin,  celui qui saura répondre.

Mais les faits prouvent que c’est toujours en cours. L’appel du successeur de Pascal  Wanou  n’est pas encore entré dans les oreilles de son responsable hiérarchique. Malgré les assurances de Patrick Idohou, directeur de la promotion artistique et culturelle (DPAC). «… en ce qui concerne le budget pour le festival, rassurez- vous, avant la fin de ce mois (septembre 2014), vous allez connaître le montant que nous comptons mettre à disposition pour l’exécution de ce vaste projet », avait-t-il lancé  au cours de la  dernière rencontre avec la presse. L’actualité montre aujourd’hui qu’au moment où, il faisait cette promesse au nom du gouvernement, Patrick Idohou n’était pas dans le secret des choses.

Il ne savait pas peut être que Gabin Allognon, Directeur des Ressources Financières et Matérielles du Ministère de l’Economie et des Finances et promoteur du Festico prédirait l’utopisme qui plongerait le Fitheb. Celui-ci, sur le plateau de la chaîne de télévision Canal 3- Bénin, le dimanche 07 septembre 2014 avait extériorisé la volonté de faire institutionnaliser son événement créé, il y  a à peine cinq ans et avait blâmé le Fitheb. Quelques mois après cette sortie médiatique, on est tenté de lui donner raison, au regard des dernières nouvelles.

Car jusque- là, Ousmane Alédji n’a pas encore dit la vérité à ses collègues. Et c’est cela qu’ils  attendent tous. Vivement qu’elle sorte.

 Esckil AGBO

 

 

 

 

 

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