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Dénis Avimadjessi, Directeur du musée AVIMADJESSI: « Je veux tout vendre et retrouver la paix »

Dénis Avimadjessi, Directeur du musée AVIMADJESSI

Le directeur du musée international AVIMADJESSI, Denis Avimadjessi a annoncé dans un communiqué la vente de sa collection privée. L’information, telle un événement traumatisant a suscité au Bénin de nombreux débats sur les réseaux sociaux, toute la journée du samedi 22 octobre 2016. S’agit- il d’un coup de bluff ou d’un canular, s’interrogent certains internautes et pourquoi, il prendrait une telle décision, ajoutent d’autres.

Approché, lDenis Avimadjessi s’explique à la faveur d’une interview exclusive qu’il a accordée à dekartcom.
Lisez…

Dekartcom : Qu’est- ce qu’on peut savoir brièvement de votre musée ?

Dénis Avimadjessi : En 2012, de retour de Bruxelles après avoir servi dans notre Ambassade dans ce pays pendant une dizaine d’années, j’ai fondé ce musée qui compte plusieurs milliers de pièces venues du monde entier. Sa philosophie est de permettre aux enfants de pauvres qui n’ont pas les moyens de prendre l’avion, de voir ici au Bénin des pièces venues des pays lointains.

Quatre ans plus tard, à travers un communiqué, vous décidez de le vendre et ce à vil prix. Pourquoi, cela monsieur le directeur ?

Absolument, parce que je suis à bout de souffle financièrement et moralement. Lorsque tu es fils de pauvres dans ce pays, on te maltraite sans aucun cœur, sans aucune pitié. Je suis fatigué de tout cela.

Je veux tout vendre et retrouver la paix et la dignité de grand père, de fonctionnaire ayant sacrifié 30 ans de sa vie au service du pays.

Quelles sont les difficultés auxquelles est confronté votre musée au point où vous prenez la décision de le’’ liquider’’ ?

Avec tous mes respects à vous et à tous vos lecteurs, je ne veux pas parler des difficultés rencontrées. Ils sont intelligents et ils comprennent. C’est pour cela que j’ai souvent cité cette pensée de Alfred de Vigny qui disait que « A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse, seul le silence est grand. Tout le reste n’est que faiblesse ». Ceux qui l’ont compris sont si nombreux que j’ai reçu, après mon communiqué, un élan de solidarité mondiale qui m’a tout simplement fait pleurer. Je ne m’y attendais pas.

Oui M. Avimandjessi, nos lecteurs ont sans doute compris mais vous pouvez leur faire toucher du doigt les obstacles au bon fonctionnement de votre institution.

Le premier obstacle, reconnaissons- le, c’est le peu d’engouement que les compatriotes ont pour les musées. Le second, c’est la mauvaise gestion du patrimoine par les pouvoirs publics. Et enfin le peu de fiabilité de l’engagement de l’Etat.

On vous fait une promesse écrite qui devient donc un droit, mais n’y comptez pas du tout. Un autre peut venir remettre tout en cause. On appelle cela, République bananière. Il faut sauver notre pays d’une telle éventualité.

Ah bon ! Quelle autorité avez- vous rencontré et qu’est ce que cette dernière vous a promis ?

Le bon ministre Paul Hounkpè s’est personnellement déplacé dans mon musée l’année dernière et a dit que cette richesse exceptionnelle ne doit pas être perdue pour notre pays. Nous avons alors établi un plan de sauvetage sur trois ans à raison de cinq millions de francs par an. Il a écrit une instruction pour qu’on me paye cet argent. Sur les cinq millions de cette année, je n’ai reçu que trois millions après mille tracas et humiliations. Le reste, c’est à dire les deux millions, ils ont dit clairement qu’ils ne le payent pas. Et les raisons évoquées sont simplement insultantes pour le vieux fonctionnaire que j’ai été avant eux tous. En plus, je me suis déjà endetté pour préfinancer et relever le musée. Maintenant, voilà…

Veuillez nous indiquer les raisons qu’ils (les cadres du MTC) ont évoquées

Il faut bien que je comprenne pour vous expliquer. Je ne comprends rien.

Donc les cadres du Ministère du Tourisme et de la Culture ont voulu simplement vous faire du mal ?
Je ne le crois pas. Ils sont simplement dans une logique que je ne comprends pas, encore que j’ai rencontré des gens très humains dans le milieu, mais ils ne sont pas décideurs.

Si un acheteur se présentait à vous, allez- vous vraiment ‘’liquider’’ Le musée?

Les Béninois me refusent massivement de vendre ce musée. On promet de m’aider à porter l’information loin.

L’élan de solidarité mondiale dont je bénéficie actuellement n’a encore rien changé dans ma volonté de me libérer, de retrouver ma dignité de grand- père tranquille. Le 1er novembre reste encore loin. On verra bien.

Mais moi, il y a certaines structures avec lesquelles je ne souhaite plus rien avoir. Il vaut mieux mourir dignement que d’accepter de subir certaines choses de la part de gens qui n’arrivent pas à notre cheville dans les conditions normales. Mais les conditions normales n’existent plus dans ce pays.

Réalisation : Esckil AGBO_www.dekartcom.net

Interrogations et prises de Conscience de Faby I. AmaZone lancement officiel le mardi 1er novembre 2016 à 17h au Jardin Carnelya.

Interrogations et prises de Conscience de Faby I. AmaZone
lancement officiel le mardi 1er novembre 2016 à 17h au Jardin Carnelya.

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