MASA 2018/ Jour 3 : La revue de presse
12 mars 2018
Art contemporain: Ces 10 Africains au toit du monde
13 mars 2018

MASA 2018/ Notre invité du jour: Jean – Marie Vidjannagni du Bénin

M. Jean – Marie Vidjannaigni, directeur artistique La compagnie Ashakata du Bénin entouré de ses danseurs. Photo: AZ Cool

La compagnie Ashakata du Bénin a présenté au public du MASA 2018 un magnifique spectacle de danse afro- contemporaine: Les intréprides. C’était le dimanche 11 mars dans la salle Kodjo Ebouclé. Nous avons rencontré le directeur artistique du groupe, M. Jean – Marie Vidjannaigni. Il nous révèle les coulisses de cette création dans cet entretien.

Interview

Dekartcom.net: Vous avez présenté le dimanche 11 mars votre spectacle Les Intrépides au public du MASA 2018. Parlez- nous de cette création.
Les intrépides, c’est une ode à la gent féminine, à nos mamans, à nos soeurs et à nos épouses pour leur dire qu’elles comptent beaucoup pour nous. On leur reconnait cette force qu’elles ont, on leur reconnait leur place de choix dans notre société moderne. Elles sont des femmes à célébrer de tout temps, à honorer et je pense qu’à travers cette esquisse de création, nous participons à cette célébration.

Comment est né ce spectacle?
Les intrépides est né de la volonté d’un monsieur dont je ne tairai pas le nom, Ousmane Alédji alors qu’il était directeur en exercice du Fitheb, il m’a appelé et m’a dit << écoute il faut que tu me montes quelque chose, un spectacle qui magnifie davantage la femme, je sais que ce que tu fais déjà avec mes filles là c’est déjà bien, mais il te faut aller au delà. Montre moi quand même quelque chose de plus que le courage >>.

J’ai dit qu’il n’y avait pas de problèmes et après quelques jours de réflexions je suis revenu et je lui ai dit <<écoute Ousmane, trouve – moi un mot qui soit au delà du courage, au delà du sacrifice dont font montre nos femmes en milieu rural >>. Il a alors dit ce sont des femmes qui sont vraiment intrépides, donc c’est ainsi que j’ai trouvé le titre du spectacle  »Les intrépides », je m’en suis approprié. Je lui ai promis de lui montrer le contenu des intrépides, j’ai fait des pieds et des mains, j’ai mené mes recherches pour voir au delà de ce que Ashakata sait et a pu faire jusque là, ce qu’on pouvait apporter d’autre.

La première chose qu’on a trouvée est de faire faire le  »Sakra  » aux filles, ce rythme nago, le tam tam rond qu’on joue qui s’ apparente un peu au Gangan. Ce n’est déjà pas facile avec les hommes et le faire faire à des filles cela dénotait quand même d’une prouesse, on a accepté faire faire cela aux filles et voilà c’est parti.

Il fallait tisser quelque chose autour de ce Sakra, j’ai dit qu’en milieu rural on peut montrer des choses, ce n’est pas les travaux champêtres, ce n’est pas non plus le petit commerce des femmes dans nos marchés. Alors qu’est-ce qui pourrait activer la curiosité ?

Les femmes vodousi, ces femmes adeptes de nos couvents, j’ai vu qu’il fallait vraiment se saisir de ce pan de notre tradition. On a diligenté nos recherches vers ce terrain et quand il y a de ces types de manifestations cultuels dans les hameaux, dans les confins des villages on y allait, on allait voir, on posait des questions, on avait des réponses, on nous disait ce qu’on pouvait faire et ce qu’on ne pouvait pas faire et c’est comme cela que petit à petit on a essayé de collecter les informations. Après on est reparti voir les garants de tradition, on a donné les présents et dots qu’il fallait et au fil de quelques mois on a accouché du spectacle  » Les intrépides ».

Quelqu’un qui est étranger à la culture nago qu’est-ce qu’il peut comprendre du Sakra?
Le Sakra, c’est du Nago. C’est un rythme que les descendants Adja-Tado se sont approprié puisque c’est cela qui fait le kpalongo dont on parle souvent. Nous on l’a pris, on est allé à l’école de notre papa Amipkon dit Capi capi dont on a hérité un certain nombre de phrasés qu’on a utilisé dans ce spectacle. Donc par essence le Sakra est d’origine Nago avant d’être approprié par les Fons ou les Guns pour donner ce qu’on appelle le kpalongo. C’est un rythme purement festif, populaire.

Au Bénin, il y a plusieurs genres de vodoun. Quels sont les types de vodounsi qui ont été magnifiées dans votre spectacle ?
Il faut comprendre que c’est une fusion, nos recherches nous ont amenés dans les confins d’Avrankou, d’Adjarra, de Porto-novo, nous sommes allés en milieu hwla, c’est à dire à Grand-popo, nous sommes également en milieu Fon le bassin d’Abomey. Nous avons alors essayé de tisser une parallèle avec toutes ces manifestations. Les intrépides est une fusion, aucun adepte vodoun ne peut dire que cela lui appartient, rien ne lui appartient, c’est une fusion de plusieurs tendances.

Vous avez dedans le ninssouhoué, le hwla vodounsi , le Atchina, le hounvèhounsi. Tout ceci accompagné de plusieurs types de rythmes comme le glo vodoun, le thron.

Merci

Réalisation: Esckil AGBO, envoyé special à Abidjan

Share and Enjoy !

0Shares
0 0

Comments are closed.

0Shares
0