Quinze minutes de terreur : c’est ce à quoi ressemble la représentation de la pièce Le fleuve du sang innocent, une écriture d’Ousmane Alédji, jouée par le Réseau Panafricain des Passionnés d’Art et Culture du Bénin (REPAC- Bénin), le samedi 11 avril 2015 à l’espace Mayton dans la commune d’Abomey- Calavi.
La 12ème édition du Festival International Itinérant de Théâtre des Lycées et Collèges (FITHELYCOB) a connu une représentation parascolaire : Le fleuve du sang innocent, du dramaturge béninois Ousmane Alédji, fièrement représenté par le Répac, une association de jeunes férus des arts et cultures basée à Porto- Novo.
C’est un spectacle satirique ayant dénoncé les barbaries des cercles islamistes.
Un journaliste, après publication d’un article exposant les atrocités des cercles islamistes reçoit un appel téléphonique, l’ayant effrayé. Les faux défenseurs d’Allah se mettent à ses trousses et débarquent chez le pauvre.
Ils lui ont fait subir, avec aise, toute forme de torture jusqu’à l’égorger.
Claudine Houndjo, Ange Hounkpatin, naturels sur scène
C’est de la panique, l’exécution de ce journaliste intrépide, audacieux et courageux. Sur la scène du FITHELYCOB 2015, c’est le jeune comédien Ange Hounkpatin qui l’a incarné. Du haut de son embonpoint, devant les adversaires, il ne s’est aucunement montré effrayé. Fumant, une cigarette qu’il a allumée dès l’arrivée des islamistes, il répondait à toutes les invectives de la chef du cercle. De celle- ci à lui, une conversation houleuse qui maintient le public perplexe. Réussira-t-il à prendre le dessus sur ses visiteurs ? Ou, ces derniers, parviendront-ils à aller au bout de leur plan ?
Telles sont entre autres les préoccupations que murmuraient les spectateurs. Cela prouve que les comédiens, à l’aube de leur spectacle ont su créer le suspense, lequel est resté jusqu’au moment où la chef- islamiste ordonna à ses collaborateurs de tuer le jeune journaliste.
Ce rôle, c’est la jeune Claudine Houndjo qui l’a assumé. Prioritairement réservée aux hommes, la fonction d’acteur féroce, sanguinaire, cruel, elle l’a jouée, et bien. Ton violent, visage fermé, Claudine Houndjo a fait preuve d’une maîtrise parfaite de son texte.
Approchée au terme du spectacle sur ce rôle, elle affirme : « j’ai accepté ce rôle pour montrer que dans le théâtre, la femme peut assumer toutes les fonctions… Sur la scène, je n’étais pas Claudine mais la chef – islamiste… Mais immédiatement, après la tombée du rideau, je suis redevenue Claudine ».
On aurait pu se passer du sang
C’est vrai que, partout où les terroristes opèrent, il y a toujours du sang. Ces hommes et femmes qui tuent sous prétexte qu’ils défendent les idées d’Allah ne connaissent ni enfants, ni adultes, ni femmes, ni vieillards. Ils écrasent tout sur leur chemin. Ils n’ont pas la crainte de Dieu.
C’est certainement ce que Serge Zossou, le metteur en scène de ce spectacle aimerait mettre en exergue en faisant exécuter le journaliste. Mais il aurait pu s’en passer puisqu’ qu’au FITHELYCOB, c’est le monde scolaire qui constitue la principale cible. La violence n’étant pas enseignable, il fallait tout simplement laisser cette partie pour faire vivre aux apprenants le vif débat entre le journaliste et ses visiteurs.
Cela garderait le suspense ad vitam aeternam, donc suscitera en eux une suite de réflexion même après le spectacle.
Esckil AGBO