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Interview avec Vincent FOLY, Directeur de la Publication ‘’La Nouvelle Tribune’’ « Le problème du FITHEB, c’est l’inexistence de la réédition des comptes »

Littéraire de formation, Vincent FOLY est un journaliste chevronné, directeur de publication du journal « La Nouvelle Tribune » paraissant à Cotonou. Il a aussi une grande connaissance dans le domaine de la culture. Passionné de théâtre, il regrette le sort fait aujourd’hui au Festival international de Théâtre du Bénin (FITHEB) qui, pour lui, devrait faire rayonner l’image du Bénin à l’échelle internationale.

Connaissez-vous le FITHEB ? Si oui, de quelle manière ?

Oui, je connais le Festival international de Théâtre du Bénin pour ce qu’on en dit dans mon journal. Je le connais aussi depuis ses débuts. Je suis de ceux qui ont de loin encouragé l’initiative dès le départ en communiquant et en publiant suffisamment des articles sur les différentes éditions qui sont organisées. J’ai toujours encouragé mes journalistes à suivre les activités du FITHEB parce que je pense que le Bénin mérite d’organiser un festival de théâtre avec succès. Je ne comprends pas que le Burkina Faso se soit spécialisé dans l’organisation du FESPACO et qui réussit brillamment depuis plus de quatre (04) décennies, je ne comprends pas que le même Burkina Faso puisse organiser le Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) et réussir, je ne comprends pas qu’on organise avec ferveur chaque année au Burkina Faso le tour cycliste avec un succès retentissant et qu’au Bénin nous ne puissions pas organiser un festival de théâtre et réussir.

Est-ce que le Bénin a un passé théâtral glorieux ?

Nous avons un passé du théâtre, nous avions connu aussi des grands noms du théâtre et des grandes troupes de théâtre dont les noms ont traversé plusieurs frontières d’Afrique et du monde entier. Moi qui ai été élève dans les années 70, je me souviens des troupes de théâtre qui existaient au sein des établissements scolaires de la place. Je peux citer, ‘’Les Cerveaux noirs’’ du lycée Béhanzin dont le représentant emblématique n’est autre que Koffi GAHOU. Il y avait aussi ‘’Les Muses du Bénin’’, la troupe ‘’Zamahara’’ et bien d’autres compagnies de théâtre. Même au moment où j’étais élève au CEG Père Aupiais de Cotonou dans les années 70, il y avait des troupes de théâtre dans notre établissement. On notait une effervescence culturelle que je ne retrouve plus aujourd’hui. Je pense que ce n’est que justice que le Bénin puisse continuer dans la tradition en organisant de façon régulière et avec brio un festival de théâtre parce que nous avons un passé du théâtre.

Selon vous, qu’est-ce qui empêche le Bénin de réussir le FITHEB ?

De loin, ce que je vois, c’est le manque d’entente entre les acteurs et les responsables. Le manque d’entente autour de l’organisation du FITHEB. Je trouve qu’on est trop empêtré dans les problèmes de personnes. On se dit que si un tel dirige, moi, je ne serai pas là, si tel autre est là, moi je ne serai pas là. On s’accroche trop aux inutilités et après on n’avance pas. On est incapable d’avoir une unité autour de ce qui est salutaire pour notre pays. Le problème du FITHEB, c’est aussi l’inexistence de la réédition des comptes. Après chaque édition, on ne nous présente pas le bilan financier. Il y a un flou qu’on organise autour de l’événement et on ne comprend plus rien. Ils sont tout le temps accrochés au financement public et n’ont pas d’idées novatrices pour bénéficier du soutien des sponsors et des financements étrangers pour supporter ce qui est commun à nous tous. Personne n’explore ce domaine. J’espère que l’actuel directeur par intérim du FITHEB, Monsieur Ousmane ALEDJI saura rassembler autour de lui des hommes et des femmes d’une compétence avérée de tous les horizons pour réussir sa mission. Je sais qu’il est très sérieux dans son travail avec l’idée que ce qu’il fait, c’est pour le rayonnement de notre pays. Je voudrais revoir, lors du prochain FITHEB à l’instar des premiers festivals, des pays comme l’Algérie, la Martinique et d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs. Je rêve de voir à Cotonou Soulémane Koly, fondateur de la troupe Kotéba, Wêrê Wêrê Liking de la Côte d’Ivoire et bien d’autres acteurs du théâtre. Le Bénin est en mesure de rassembler à chaque édition du FITHEB tous les hommes de théâtre du continent africain, de la diaspora et d’ailleurs pour des manifestations culturelles de grande importance.

Que peut gagner le Bénin avec le théâtre, selon vous?

Le gain n’est pas seulement matériel. Le Bénin peut gagner beaucoup de choses avec le théâtre. C’est pour le rayonnement de notre pays à travers la promotion de notre culture qui est d’ailleurs très riche. Le théâtre peut aussi développer le tourisme culturel qui fera rentrer des devises énormes pour notre pays. Nous pouvons aussi donner une visibilité au culte vodoun pour vendre le Bénin à l’échelle internationale comme cela a été le cas avec le Festival Ouidah 92 qui a avait fait drainer beaucoup de personnes, d’hommes de culture et de chercheurs du monde entier. Aujourd’hui, je constate à regret que nous ne faisons plus rien dans ce sens. J’exhorte nos décideurs à être simplement un peu sérieux dans leur travail pour que le théâtre retrouve ses lettres de noblesses dans notre pays.

Jean-Discipline ADJOMASSOKOU

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