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Exposition à l’espace « Le Centre »: De courtes voix s’élèvent au nom des sans voix

« D’une courte voix du monde » expo collective des artistes plasticiens, Jean-François Boclé, Sènami Donoumassou et Kaloki Nyamai. PH/DR

L’espace culturel et artistique Le Centre abrite dans sa galerie une exposition collective de trois artistes plasticiens du 31 août au 16 novembre 2019 à Lobozounkpa dans la commune d’Abomey-Calavi. Axée sur des faits d’abus et d’acculturations, cette exposition vient donner la voix aux opprimés du monde. Aussi s’intéresse-t-elle à la question de la vie et de la mort de l’Homme.

Des voix s’élèvent pour dénoncer, conscientiser et informer à travers l’exposition « D’une courte voix du monde ». Cette exposition collective est la résultante d’une résidence de plusieurs semaines. Elle réunit trois artistes plasticiens que sont le Martiniquais Jean-François Boclé, la Béninoise Sènami Donoumassou et le Kényan Kaloki Nyamai. Chacun, en se basant surune thématique et une technique, s’est prononcé sur des faits du quotidien en vue de contribuer un tant soit peu à l’amélioration de l’humanité.

artistes plasticiens, Kaloki Nyamai, Sènami Donoumassou et Jean-François Boclé. PH/DR

 

A travers une série de dessins de ‘’bananes’’ et de ‘’mains’’, le Martiniquais Jean-François Boclé s’exprime. Plus qu’un fruit, la banane renvoie à un symbole évocateur quant à l’assujettissement de l’Homme. Se référant au drame survenu après les mouvements de grève à ‘’L’United Fruit Company’’ en Colombie à la fin du XIXe siècle, l’artiste rend hommage. Un hommage qui se traduit aussi par des dessins de mains enfouies sous terre en mémoire de ces victimes. En plus de l’hommage à l’endroit des planteurs colombiens abusés et massacrés, Jean-François Boclé dénonce. Il attire l’attention sur des crimes que commettent quotidiennement les plus grosses industries du monde. Le plasticien a présenté à cet effet, une performance culinaire intitulée « Political Jam » lors du vernissage de ladite exposition le vendredi 30 août.

Outre ce travail sur l’exploitation de l’homme par l’homme avec de pénibles conditions de travail, Jean-François Boclé s’intéresse aux noirs arrachés à leur terre natale et déportés pendant l’esclavage. Etablissant le lien entre les Caraïbes et le Bénin à travers l’histoire et la culture, il présente l’installation « J’ai traversé l’Océan ». Elle est constituée d’une sculpture titrée « Le Mas du non-retour » (faisant échos à la Porte du non-retour de Ouidah, ce masque est entièrement réalisé en sachets plastiques); de deux photos etd’une vidéo de performance réalisée pendant la résidence.

Une réappropriation des valeurs ancestrales pour une Afrique prospère
Préoccupé par l’acculturation des peuples africains, le Kényan Kaloki Nyamai invite à une prise de conscience. Il fait un travail de mémoire en rappelant à travers ses œuvres ce qu’était l’Afrique avant l’arrivée des civilisations étrangères. Son travail repose sur l’engagement. Avec sa technique de toile brulée, il peintselon lui, l’impact négatif des civilisations étrangères sur l’Afrique. Titrées « Nikita Osisya » ; « Matokengie Muno » et « Novala Nae » ces œuvres (mélange de sculpture et de peinture) sont le fruit des expériences qui l’ont marqué lors de ses voyages à travers l’Afrique. L’Eldorado occidental, l’appropriation des cultures étrangères au détriment de celle africaines avec le concours des médias sont tant d’illusions dont se désole le plasticien.

« Don’teat a lot of bananas, you are not a monkey » (Ne mangez pas trop de bananes, vous n’êtes pas un singe). A travers cette métaphore, Koloki incite les africains à ne point se laisser avoir par ce que miroite l’Occident. Il rappelle combien les africains vivaient en harmonie avant l’arrivée de la colonisation. Pour lui, chaque peuple à une civilisation propre à lui et il est temps que l’Afrique s’intéresse réellement à la sienne. Une réappropriation des valeurs africaines est la meilleure solution pour une Afrique unie et prospère, selon Kaloki.

La vie après la mort


Le parcours de l’Homme sur terre est certes éphémère avec des moments de transition mais, il y a une vie après la mort. C’est en gros ce qu’on peut retenir du travail de la plasticienne béninoise Sènami. Avec le photogramme, une technique axée sur la lumière, Sènami réalise une toile illustrant le parcours de l’Homme. Avec des flammes de bougies l’artiste traduit comment la vie d’un Homme oscille et ce, selon les expériences. Et puisque la vie et la mort sont deux éléments qui caractérisent l’existence de l’être, l’artiste après sa lecture du parcours humain, se penche sur la mort. Elle en fait d’ailleurs une interprétation peu lugubre en parlant de vie après la mort. Pour l’artiste, à chaque fois que l’on se souvient d’un mort il reprend vie.

Au sol d’une des salles de la galerie, Sènami présente « Le mémorial du vivant », une installation de 41 pas. Interactive, l’œuvre s’active dès l’entrée du visiteur dans la salle grâce à un détecteur de mouvements. Tel les mouvements déclenchent l’œuvre, tel les souvenirs redonnent vie à l’être disparu. C’est du moins ce que l’artiste dessine avec cette œuvre. Les 41 pas font également échos à la durée de vie de l’âme d’un Homme après son décès. A en croire Sènami, l’âme d’un défunt erre dans sa demeure 41 jours durant, après son décès, avant de s’en aller pour l’au-delà. Après quoi, l’âme disparait pour ne reprendre vie qu’aux souvenirs des vivants.

Comme pour exhorter les Hommes à s’assurer d’un présent digne afin qu’on se souvienne d’eux après leur mort, l’artiste questionne. « Que laisseras-tu de toi ? ». C’est la grosse interrogation que placarde Sènami Donoumassou, au mur de cette même salle de la galerie.Avec cette dernière, elle suscite une remise en cause de soi, une analyse, voire des jugements sur le parcours de chaque être sur terre. La plasticienne fait aussi allusion à l’héritage que chaque être humain lègue à la jeune génération.

Inès Fèliho

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