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Bénin_ Tony Yambodè : « Nous devons penser à la loi sur le mécénat »

L’Entretien de la semaine reçoit ce mercredi Tony Yambodè. C’est un promoteur culturel béninois et Directeur du centre culturel Mayton sis à Abomey- Calavi. Il a été essentiellement question pour lui de se prononcer sur la gestion du Ministre Ange N’Koué du Tourisme et de la Culture et d’évoquer l’avenir des événements Bénin Révélation Stars (BRS) et Bénin Culturel à Paris dont il est l’initiateur.

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Dekartcom : Que pensez- vous de l’an 1 de gestion des affaires culturelles par le ministre Ange N’Koué ?
Tony Yambodè : Volontiers, je vais me soumettre à votre exercice, même si je trouve que plusieurs langues averties l’ont déjà fait et ont certainement dit à quatre-vingt pour cent ce je que je pense de la gestion d’un an du ministre Ange N’Koué.

Le Ministre du Tourisme et de la Culture durant l’an 1 de sa gestion, à mon avis est animé d’une bonne volonté de faire avancer le secteur culturel dès son arrivée (on peut se tromper en croyant que c’est bon ce qu’on fait) et il l’est franchement jusqu’à ce jour (son intervention au micro de Ramanou Alédji à Artisitik Africa quand il dit aux acteurs culturels d’attendre, de souffrir encore qu’on fasse les réformes. Mais le ministre oublie que les acteurs culturels ne sont pas des salariés comme lui. En bloquant leur financement, en ne lançant pas la saison artistique, il est en train de contraindre des milliers de personnes au chômage, qu’il souffre qu’on lui dise la vérité, il s’embrouille parce que se prenant pour le roi qui sait et connait tout. Alors que le roi qui se dit qu’il connait tout, finit par sortir en public caca sur son habit. Son bilan est mitigé mais le négatif l’emporte. Il a très tôt fait de diaboliser certains acteurs culturels en prenant d’autres pour des Saints.

Ce que je garde de positif chez le ministre de la culture est qu’il a arrêté le processus électoral au Fonds d’Aide à la Culture, aujourd’hui Fonds des Arts et de la Culture. Il a annoncé des réformes. Ensuite, il a réussi à augmenter le budget général du ministère.

Quelques couacs que j’ai notés dans la gestion d’un an du Ministre du Tourisme et de la Culture. La diminution du budget du Fonds d’Aide à la Culture (exercice 2016 d’environ 53%) alors que la loi de finance rectificative a décidé 23 %. Je pense qu’on devrait d’abord avoir une idée sur les engagements faits par le Fonds d’Aide à la Culture, un travail fait par son Conseil d’Administration, organe suprême ; la formation des comités pour répertorier les projets culturels restés sans suite jusque- là. La saison artistique n’est pas encore lancée. C’est suicidaire.

Vous n’êtes donc pas satisfait de sa gestion ?
Je suis satisfait parce qu’il est animé d’une bonne volonté, je lui prête ma bonne foi. Un père de famille ne peut vouloir le mal de ses enfants. Il a fallu ses agissements, ses faux pas pour nous permettre de tirer les leçons très utiles pour l’avenir. C’est pour cela que je suis satisfait. Faire des erreurs pour se mettre en cause et pour avancer n’est pas meilleur ?

Monsieur Yambodè, que devient le concours de musique Bénin Révélation Stars (BRS) ?
Ce concours vit et vivra dans le temps et dans l’espace. C’est juste que, l’espace MAYTON qui l’abritait était en chantier pendant la période des vacances 2016 et je n’aimerais pas aller à Bluezone comme en 2015 pour l’organiser. Je veux que cela s’organise chez moi, dans mon espace pour diverses raisons à savoir faire la promotion de mon espace et aussi pour réduire les charges. A ces raisons, nous avons aussi le financement qui nous a fait défaut et je ne veux rendre personne responsable car le ministre Ange N’Koué ne m’a pas demandé d’initier BENIN REVELATION STARS même si cela participe à la détection des talents dans le domaine musical.

Nous sommes les détecteurs de talents et je pense que le ministre oublie souvent de faire l’état des lieux dans tout ce qu’il entreprend. Dans son programme, il y a un volet détection de talents. Et c’est nous qui faisons ce travail à travers les initiatives. Pourquoi n’ont-ils pas cherché à nous voir pour bénéficier de notre expertise.

La preuve, la grande majorité des comédiens qui représentent le théâtre béninois ont pris par notre FITHELYCOB, notre FESTHED, FESTHEF et le grand festival KALETAS pour ne citer que ceux là. En toute chose, il faut partir de l’existant pour évoluer sinon, on risque de cogner la tête contre le mur.

Veuillez revenir sur l’édition manquée en 2016.
J’ai déjà évoqué cela dans ma réponse précédente. Comme j’ai fait pour le FESTIVAL INTERNATIONAL DE THEATRE DES LYCEES A COLLEGES DU FITHELYCOB (FITHELYCOB) en laissant sa gestion après dix ans à monsieur Romaric OUITONA, un jeune plein de talents et capable que vous connaissez, je viens de laisser la gestion de BENIN REVELATION STARS à Josias Folly, un artiste musicien complet qui a fait ses preuves au sein de l’Ensemble Artistique et Culturelle des Etudiants : EACE. Toutefois, BRS est à vie collé à mon nom.

Il y a donc espoir pour l’édition de 2017 ?
On va organiser le BENIN REVELATION STARS si nous avons le financement car l’expérience est là. Si le Ministre Ange N’Koué sait lire ce qu’on appelle projet culturel pertinent, il saura que BENIN REVELATION STARS fait partie des projets culturels de détection de talents. L’idée première de BENIN REVELATION STARS est nationale, une fois les talents détectés, il faut les suivre à travers les bourses de formation. Mais la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Incertaine, la prochaine édition ? On ne peut donc pas parler d’innovations ?
Je vous parlerai des innovations car nous ne manquons pas d’innovations quand on sera certain du financement. La saison artistique sera lancée ou pas, on ne le sait pas. On attend l’autorité, celui qui a le droit de vie et de mort sur les artistes.

Mais pourquoi avez- vous décidé de laisser la gestion du BRS après seulement trois éditions ? Nous pensions que c’est pour mieux vous occuper du BRS que vous avez confié la gestion du FITHELICOB à Romaric Ouitona.

Josias Folly est le directeur artistique de l’événement. Il connait comme moi la projet BRS. C’est à son honneur et à son actif de gérer ce concours.

Et le Bénin Culturel à Paris (Becup) ? Comment avez-vous géré les difficultés de la dernière édition ?
Je vais vous étonner, il n’y a pas eu de difficultés pour la dernière édition, précisément la deuxième édition. Parce que, comme j’aime le dire, un événement prend du temps pour s’imposer. Je me rappelle de votre article sur cette deuxième édition, qui après analyse n’a rien de méchant, mais plutôt de celui qui s’indigne et qui veut que cela réussisse, que l’on fasse bien les choses. Donc, votre article intitulé « BECUP : 13 millions du contribuable béninois dans les murailles de la Tour Effel » qui m’a prouvé à quel point vous tenez à moi, à ma petite personne, à ma réussite et la réussite de tout ce que j’entreprends et je vous en remercie. L’article, loin de me décourager et fragiliser, m’a donné beaucoup de force et d’engagement. Et je vous promets de faire mieux les éditions à venir si j’ai les moyens nécessaires. Monsieur Esckil AGBO, c’est mon boulot, c’est ce que j’ai appris, c’est ce que je fais depuis quinze ans, je ne peux que faire cela et je dois bien faire pour le bonheur des artistes béninois et pour la présence des artistes béninois au delà de nos frontières.

Je vais profiter de l’occasion pour remercier ceux qui m’ont exprimé leur soutien dans la réalisation BENIN CULTUREL A PARIS à savoir Estache Agoumkpé, Ezin Pierre Dognon, Codjovi Tossou, Idimath Padonou, Gauthier Godonou Rodrigue Gotovi, Eusèbe Dossou, Marius Fagbédji alias Fadji, Gaston Eguédji et Claude Balogoun et vous-même Esckil AGBO pour le courage que tu as eu en produisant l’article sans oublier mon frère Emmanuel Tometin.

Vous dites qu’il n’y a pas eu de difficultés. Mais des informations avaient circulé et dekartcom, en son temps a fait des investigations dont le fruit est l’article que vous évoquiez tantôt. Qu’est ce que vous dites de ces informations ?
J’ai tourné la page de Becup 2016…

Parlez-nous des préparatifs de la prochaine édition.
On attend que l’autorité nous situe sur son soutien ou pas. Il m’a dit quand je préparais la deuxième édition que le BENIN CULTUREL A PARIS (BECUP) n’apporte rien à la culture béninoise. J’ai essayé de lui expliquer cela et j’espère qu’il a maintenant compris car le BENIN CULTUREL A PARIS (BECUP) n’est rien d’autre que le FESTIVAL VODOUN qu’il s’est déplacé pour suivre. Une autorité doit être objective et ne doit pas faire deux poids, deux mesures.

Vous êtes dubitatif sur les prochaines éditions du BRS et du Becup. Et dans vos propos, vous semblez accuser le ministre qui jusque- là n’a pas lancé la nouvelle saison artistique. Vous insistez sur le financement. Faudrait- il comprendre par là que c’est l’exécutif, l’Etat à travers le FAC qui finance entièrement vos événements ?
Je n’accuse pas le ministre. La direction du Fonds des Arts et de la Culture (FAC) est le principal bailleur des activités culturelles au Bénin. Qui veut me dire le contraire ?

Il y a des promoteurs culturels qui obtiennent de l’Etat à peine 1% de leur budget global ; d’autres n’en trouvent même pas. Pourtant, ils organisent leurs événements, et bien. Qu’en dites- vous ?
Moi, il m’est arrivé d’organiser sur fonds propres des activités culturelles. Mais je ne le ferai plus jusqu’à nouvel ordre. Dites avec précision les acteurs culturels qui organisent des événements sur fonds propres. A peine, vous allez trouver deux.

Le sponsoring et le mécénat ne sont pas encore compris au Bénin. Nous avons de difficultés à mobiliser des fonds complémentaires. Nous devons penser à la loi sur le mécénat.

Réalisation : Esckil AGBO / ©Dekartcom_2017

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