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Bénin_ Parc national de la Pendjari : Délégation de gestion ou dénationalisation

Au Bénin, depuis quelques semaines, des informations font état de ce que le gouvernement aurait enclenché le processus de privatiser le parc national de la Pendjari. Des commentaires se font entendre avec intensité et chacun y va, selon son humeur. Vendredi des Patrimoines et du Tourisme depuis la première quinzaine de décembre 2016 s’est lancé dans une investigation, concernant le sujet. Reportage…

Le parc national de la Pendjari est l’une des destinations touristiques les plus prisées au Bénin. Situé dans le Nord – Ouest du pays, il constitue la zone où se concentrent l’atmosphère et l’écorce terrestre : la réserve biosphère de la pendjari.

Sur les 480 000 ha de la réserve, on y découvre « une diversité de milieux écologiques suffisamment grands pour permettre le maintient et l’expansion d’une biodiversité animale et végétale représentative de la savane Ouest africaine. En plus des espèces de faune sauvage communes à la savane ouest africaine telles que l’éléphant, le buffle, le lion etc., la particularité de la Pendjari est l’observation directe d’espèces menacées en Afrique de l’Ouest comme le guépard et le damalisque. En outre, elle est le refuge d’espèces endémiques de plante (Thumbergia atacorensis) et de poissons tels que Synodontis arnoulti, Barbus parablabes, Steatocranus irvinei, Synodontis macrophthalmus, Brycinus luteus, Irvineia voltae, Barbus guildi, Micropanchax bracheti », nous précise une source digne d’intérêt. La même source continue en ces termes :

« Outre la faune, la diversité du paysage et les chutes d’eau comme les cascades de Tanongou offrent un spectacle impressionnant. Le déroulement de la pêche traditionnelle à la mare Bori dans la périphérie du Parc National de la Pendjari est l’un des évènements culturels qui retiennent de plus en plus l’attention des touristes. A Tanongou, le logement chez l’habitant, les circuits culturels et les randonnées sur la montagne de l’Atacora augmentent l’attractivité des offres ».

Au demeurant, le parc national de la Pendjari réunit en un tout ce qui peut faire converger vers le Bénin des touristes. Selon les statistiques recueillies au cours de notre investigation, il a enregistré pour le compte de l’année 2016 près de 5000 visiteurs. C’est donc un centre dont la gestion nécessite des mesures idoines et particulières.

C’est pourquoi, depuis l’année 2000, il est impliqué dans son fonctionnement les populations riveraines, les collectivités, les organisateurs de la société civile et le secteur privé. Dans cette logique, le gouvernement béninois, au cours du dernier trimestre de l’année 2016 a émis l’idée de confier la gestion du parc à une entreprise ou du moins une Ong sud- africaine : African Parks Network. Cette volonté a essuyé, tôt, les commentaires des populations du Bénin. « Le gouvernement veut dénationaliser la Pendjari », vocifèrent les uns. « Patrice Talon veut vendre la Pendjari », ajoutent d’autres. Mais de quoi s’agit-il, en réalité ?

La Pendjari en vente ?
Non, ou ce n’est pas encore le cas. Selon le Conseil des Ministres du mercredi 11 janvier 2017, un plan d’urgence a été élaboré pour la sécurisation de ce parc, notamment pour la saison touristique 2017.

« Le gouvernement avait autorisé des opérations spéciales de sécurisation dans les parcs nationaux de la Pendjari, du W et des zones cynégétiques attenantes.

Cette mission avait été assurée par les forces de sécurité et de défense nationales, en mai-juin 2016 et au cours du second semestre 2016.

Après évaluation des résultats obtenus et au regard de l’ambition que nourrit le Gouvernement pour intégrer cette réserve transfrontalière de la biosphère dans le système productif national, le Conseil a décidé d’adopter une nouvelle approche, celle d’affermage.

L’approche d’affermage est proposée par African Parks Network, une ONG de conservation et de renom en Afrique. Elle a une solide expérience dans plusieurs parcs animaliers africains et est en mesure d’instaurer une gestion plus efficace de la réserve de biosphère de la Pendjari », a signalé au public, le Ministre d’Etat Pascal Irené Koukpaki lors de son point de presse, au terme dudit conseil des Ministres.

Il ne s’agit donc pas d’une vente mais de l’engagement de cette entreprise pour un temps déterminé. « C’est une délégation de gestion et non la privatisation », explique un agent en service au parc national de la Pendjari qui a requis l’anonymat. Celui-ci complète que le gouvernement a bien agi en choisissant une entreprise spécialisée.

African Parks Network présent sur plus de dix parcs nationaux en Afrique
L’African Parks Network est créé en 2000 par un groupe de défenseurs de la nature, conduit par Peter Fearnhead, aujourdui, PDG de l’entreprise. Il s’est spécialisé dans la conservation de l’environnement en Afrique. C’est une organisation non gouvernementale qui exerce particulièrement dans les parcs nationaux africains. A son actif, on peut compter la gestion de plus d’une dizaine de parcs nationaux en Afrique. Sans être exhaustif, on peut citer le Parc national Liuwa Plain en Zambie, depuis août 2013 ; le Parc national d’Akagera au Rwanda, depuis décembre 2009 et le Parc national de Zakouma au Tchad depuis octobre 2010.

Un couteau à double facette
« La gestion du privé est toujours mieux. Elle a plus d’avantages », fait savoir le gestionnaire de Patrimoines et Conservateur du Jardin des Plantes et de la Nature de Porto- Novo, Franck Ogou. Selon l’expert en patrimoines, on peut, à priori ovationner, cette volonté d’approcher le privé dans la gestion du parc national de la Pendjari. Cependant, Franck Ogou relève certaines failles dans la démarche du gouvernement béninois.

« D’abord, il n’y pas eu d’appel d’offre. Selon les informations que j’ai eues, cette exploitation du parc par African Parks Network durerait 20 ans alors que la loi sur la gestion des réserves prévoit 10 ans pour des cas pareils. Il y a donc quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, pour l’instant. Toutefois, je précise que l’Etat peut confier la gestion du parc à une entreprise privée mais il ne se désengage pas ».

Esckil AGBO

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