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Bénin_ Musique : Aveux et éloges de Richmir Totah sur le Fimub

La plateforme culturelle panafricaine www.dekartcom.net a réussi à arracher à Richmir Totah des aveux sur le Festival International de Musique du Bénin (Fimub) dont la première édition s’est tenue du 29 avril au 03 mai 2015. Au cours d’un entretien qu’il a accordé à votre site, à Abidjan, le 08 mars 2016 (lors du Masa 2016), le Directeur Exécutif de la biennale musicale du Bénin a reconnu pour vraies et fondées les critiques qui avaient jailli sur son événement. Toutefois, il a relevé les retombées du festival sur l’environnement béninois.

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Dekartcom : Vous êtes sur le MASA, parlez- nous de vos activités ?
Richmir Totah : Je suis venu au MASA 2016 en tant que directeur exécutif du Festival International de Musique du Bénin (Fimub), créé l’année dernière. C’est une biennale. Je suis là pour rencontrer certaines institutions de financement de la culture du monde, comme l’OIF, comme la commission de l’UEMOA, la Francophonie, Africalia… Celles – là qui financent les projets d’envergure. Je suis là pour prendre contact avec les responsables ; aller vers les plateformes pour voir les appels à projets et voir comment négocier de puissants soutiens techniques et financiers pour l’édition prochaine du Fimub. Je suis là aussi pour suivre des groupes, pour observer la programmation et voir les spectacles de bonnes factures qui répondent à nos objectifs. Parce que le Fimub, c’est un marché de la musique.

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Bella Mondo de la Côte d’Ivoire

Qu’est- ce que vous avez constaté ?
J’ai constaté que dans la programmation officielle, il y a eu de la matière. Et le Masa a innové avec les Showcases. Ce sont les artistes en devenir qui ont déjà une vision, une musique plus ou moins aboutie qui vont sur la scène pour se faire découvrir. J’ai vu de jeunes artistes qui conviennent au Fimub, vraiment talentueux…

Je suis venu à l’école, j’ai vu des coachs qui m’ont aidé à organiser l’édition zéro du Fimub. Je les ai retrouvés et on a fait le bilan. Il faut dire qu’à la première édition, que je qualifie d’édition zéro, on a fait la mini- foire de disques, travaillé avec des distributeurs, des instrumentistes de la musique traditionnelle. Ce sont, en tout cas, des choses que nous allons améliorer pour faire du Fimub un véritable marché du disque. Avec les résultats que nous avons eus, je crois que nous sommes sur la bonne voie.

Quels sont ces résultats ?
Bien qu’ayant pensé à ce festival, plusieurs années avant, et sachant comment nous allons l’organiser, on s’est vu confier le festival dans un délai qui n’est pas trop raisonnable pour un véritable festival international.

C’était un défi… c’était un piège qu’il fallait relever. Nous devrions relever ce défi pour montrer que nous sommes des professionnels, que nous avons le savoir- faire. On était convaincu que cette édition ne serait pas un festival parfait car on nous a donné deux mois pour l’organiser.

On n’était pas d’accord mais on devrait le faire où le festival ne se ferait jamais. On a alors choisi d’aller au feu. Et quand on va au feu, on ne parle pas beaucoup. C’est pourquoi, nous avons évité la presse pendant la période.

Monsieur, le Directeur, présentez- nous les résultats ?
Nous avons fait en notre sein le bilan, et nous sommes convaincus que cette édition a eu des résultats concrets. Ce qui fait que le bilan n’a pas été fait_ du moins, publiquement, c’est le changement fréquent à la tête de notre département. Le dossier a été conduit par le Ministre Jean- Michel Abimbola ; actuellement, c’est un nouveau ministre que nous avons. Le rapport est fait, déposé. Mais nous voudrions le présenter publiquement. Ceci pour avoir les critiques, les apports afin de les capitaliser pour les éditions prochaines.

Aujourd’hui, on peut dévoiler des pans de l’organisation, qu’on ne peut dévoiler au moment des préparatifs. En son temps, on ne peut pas parler au risque de créer des frustrations inutiles. Le rapport existe quand même. Mais on tient à organiser une séance publique pour le présenter.

En attendant cela, veuillez nous indiquer les retombées, je veux bien sûr parler des résultats

Kemi sur la scène de FIMuB

Kemi sur la scène de FIMuB

Il y a eu beaucoup de retombées. Au plan économique, artistique et culturelle.
Le Fimub est un marché. On a fait quatre scènes dans les quartiers les plus shows de Cotonou, de Bohicon et Parakou. Nous avons connu pour cette édition zéro près de 150 spectacles.

Par rapport au délai très court, et au regard du calendrier annuel déjà établi des acheteurs, il fallait intéresser les gens et prioriser les groupes d’artistes et artistes qui n’ont pas un gros budget. On a choisi les groupes qui ont l’habitude de tourner dans la sous- région, dans l’espace Uemoa, ceci pour réduire les billets. Parce que nous avons acheté les billets d’avion aux acheteurs pour les intéresser. Comme artistes internationaux, on a eu Isedale du Nigéria, Ba Cissako de la Guinée, Awa Sissao du Burkina Faso, Binta du Niger, Della Haye du Ghana, Bella Mondo de la Côte d’Ivoire et King Mensah du Togo. Les retombées ont été aussi bien pour les artistes internationaux que nationaux. Comme exemple, c’est sur le Fimub que le directeur de l’Institut français de Cotonou a découvert Ba Cissako. Bien après le festival, dans le mois de mars, ce groupe est revenu jouer à Cotonou.

Kalamoulaye a été découvert à la cérémonie d’ouverture par le tourneur, producteur de ce groupe. Ils se sont entendus sur nombre de projets dont un featuring. Ce n’est pas encore fait mais le projet est né.

Jolidon Lafia, au cours du Fimub a été également approché par le directeur d’un grand festival à Dakar. Stan Tohon, retenu pour aller sur un festival au Congo Kinshassa et grâce au même promoteur, il irait en Afrique du Sud pour un autre événement d’envergure. C’est grâce au Fimub que notre jeune artiste Koudy a pu participer au Festival Visage For Music au Maroc parce que c’est là que le promoteur l’a découverte. Il y a plein de choses. Il y a eu un impact.

Au plan économique
Nous avons acheté beaucoup de billets d’avion. Les bénéficiaires sont venus au Bénin, ils ont loué d’hôtels. A part les hôtels, on a loué des villas pour ceux qui sont venus en nombre un peu pléthorique. Tout cela, c’est dans les poches des Béninois. Des prestataires de services béninois ont été utilisés.

Tous les petits marchés de circonstances, développés autour des villages du festival (Cotonou, Bohicon et Parakou) sont tenus par des Béninois. Tous les bars qui étaient autour des différents centres utilisés pendant la période ont eu de la clientèle à foison.
C’est pour dire que l’argent débloqué par le Fonds d’Aide à la Culture a été utilisé ou déversé dans le pays. C’est la participation de la culture au développement économique. C’est cela les retombées.

Il y a d’autres retombées certainement
Nous avons les rencontres professionnelles qui ont été gérées par deux professionnels. Erick Totah, l’ancien Sg du ministère de la culture et Erick Tomson, un artiste – musicien bien connu. On a eu cinq communications abordant différents thèmes relatifs au monde de la musique. Des rencontres qui ont permis aux anciens- expérimentés, et aux experts nationaux comme étrangers de partager leurs expériences avec les jeunes. On peut inscrire cela au volet formation.

Le coût du festival
Le festival a été exécuté à 130 millions FCFA. Ce n’est pas les 500 millions dont les gens ont parlé.

Tous les trente- huit membres du comité ont eu, sans doute, leur part.
(Il sourit) Le festival Gospel Racine a été créé avec un comité de 45 membres. C’est par la suite que cela a été réduit. L’Etat prend de garanties quand il crée quelque chose. On a l’intention de faciliter la tâche. Mais au fait, c’est du poids lourd. On crée un comité et on met tous les secrétaires du ministère dedans. Trente- huit personnes, elles vont faire quoi ? On était six personnes à travailler pour l’organisation effective du festival. Mais à la supervision, on a le directeur de cabinet et le secrétaire général du ministère qui faisaient régulièrement le point au ministre puisque c’est une activité du ministère.

Est- ce vrai que vous œuvrez pour que le Fimub, à l’instar du Fitheb soit institutionnalisé ?
Oui. Nous y travaillons effectivement. Dans le rapport qu’on a déposé au Ministre Jean- Michel Abimbola et à son successeur, Paul Hounkpè, il y a la proposition d’avant projet portant création, organisation… du Fimub. Nous avons fait une proposition qui a été corrigée et améliorée par les spécialistes du ministère pour des documents pareils.
Monsieur le Directeur, merci.

Réalisation : Esckil AGBO

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