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Bénin- Spectacle d’humour : Défoncé, Yannick Kenneth dit ses quatre vérités

L'humoriste Yannick Kenneth. Ph/DR

L’artiste humoriste émergent dans le Stand Up au Bénin, Yannick Kenneth Houssou a présenté son spectacle solo intitulé « Défoncé », dans la soirée du samedi 2 mars 2019 sous la paillote de l’Institut français du Bénin site de Cotonou. Axé sur la dénonciation, ce spectacle est avant tout un condensé de vannes qui au-delà du rire, éveillent les consciences.

Mêlant stand up et one man show, Yannick Kenneth Houssou interpelle la conscience du public avec une succession de vannes axées sur des sujets plutôt tabous. L’humoriste au chapeau de paille, avec son spectacle solo intitulé « Défoncé » fait rigoler plus d’un. Sous couvert d’un personnage défoncé par abus d’alcool, de tabac ou d’autres substances illicites, il pointe du doigt des travers de la société. Sans gêne aucune, il tient le public en haleine pendant plus d’1h en abordant des sujets sensibles tels l’homosexualité, la religion, la politique, l’immigration et autres.

Tout de noir vêtu (chemise et pantalon) avec un chapeau de paille, comme pour casser le style et revendiquer son côté traditionnel et africain,Yannick Kenneth fait une entrée sur scène plutôt remarquable. Sur un fond sonore de musique urbaine, il débarque avec des pas de dance et des mimiques qui ne laissent pas le public de marbre. Celui-ci répond d’ailleurs par des acclamations et des cris de joie. Une attitude qui marque le début d’une complicité entre Yannick Kenneth et son public.

Sous couvert d’humour, il dénonce.
Sans dire bonsoir aux spectateurs, l’humoriste béninois va droit au but. Dès les premières minutes de son spectacle, Yannick Kenneth aborde un sujet sensible et encore très tabous au Bénin. L’homosexualité. Un sujet qui laisse perplexe plus d’un dans le public. Mais d’une perspicacité plutôt satirique, il attire l’attention sur la question sans pour autant donner un jugement. Au bout d’un moment l’humoriste s’arrête, fixe le public et ironise : « je viens de me rendre compte qu’en fait je ne vous ai pas salué. Mais… je n’ai toujours pas envie de le faire». Une remarque qui laisse place à des rires aux éclats dans le rang des spectateurs.

Audacieux, il ne tourne pas autour du pot avant de donner son avis sur la question de l’émigration. Avec subtilité et en se basant sur des exemples personnels, il parle de ‘’Campus France’’, un système instauré pour faciliter aux africains l’accès aux études dans les universités françaises. Vannes après vannes, il démontre comment ce système favorise la fuite des cerveaux du continent africain.

Avec des jeux de mots, cet humoriste béninois titille la politique du président Talon en se basant sur les dernières actualités politiques du pays. Mais comme si cela ne suffisait pas de parler de politique et d’homosexualité, il s’attaque aux religions. D’un air sérieux, Yannick Kenneth s’attarde sur les dérives au Vatican avec des métaphores sarcastiques.

Déjanté comme un bon défoncé, il ramène Jésus Christ à l’époque actuelle. « Jésus aurait son compte Facebook, Twitter, Snapchat et Instagram » assure-t-il. Sans profaner, Yannick Kenneth incite le public à ne pas se laisser avoir par les fanatiques religieux qui interprètent les paroles biblique à leur guise.

Interviewé à la fin du spectacle Yannick Kenneth se confie en ces termes : « l’humour c’est un pouvoir. On a l’occasion de dénoncer des dérives qu’un citoyen lambda ne peut faire aisément. En dehors de la scène il y a des choses que je ne dirai pas. Mais là je suis sur scène. Alors je m’amuse, je m’éclate tout en dénonçant. Si ça peut aider les gens à avoir une meilleure vie, tant mieux ».

Inès Fèliho

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