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Bénin-Photographie : Erick-Christian Ahounou, le nu au bout de l’objectif

Erick-Christian Ahounou, photojournaliste. Crédit photo: Gaëlle Gbaguidi

Erick-Christian Ahounou est un passionné de la photographie. Cet illustre photojournaliste béninois connu en Afrique et dans le monde pour avoir signé dans de grands magazines tel que Jeune Afrique, entretient une grande relation avec la photographie. Sa préférence reste la photo de nu. Depuis une vingtaine d’années, son objectif s’est focalisé et capture les différentes belles parties du corps humain (femmes et hommes) pour mettre en valeur les lignes et les courbes et traits distinctifs. A-t-on réellement une image de lui ? À quoi ressemble cet homme qui se cache derrière l’objectif pour nos plaisirs sensuels ?

 

Crédit photo: Erick-Christian Ahounou

 

Il est noir. Erick-Christian Ahounou a un corps d’ébène. C’est un véritable africain, grand de taille avec un physique impressionnant. Agé de 56 ans, son visage peut trahir, laissant l’impression d’un homme renfermé et sévère. En vérité, il est rigoureux. Son apparence renvoie à un personnage énigmatique que l’on ne peut cerner facilement. Mais il faut l’approcher, l’écouter et le côtoyer avant d’appréhender sa personnalité. Cette énigme transparait d’ailleurs dans son travail artistique qui, à première vue ne saurait être compris. Photojournaliste à la base, Erick-Christian Ahounou a publié dans des médias internationaux dont l’Afp (Agence France presse), l’agence Galbe et Reuters. Néanmoins ce qui retient le plus l’attention chez cet illustre photographe, c’est son travail sur le nu.

Magnifier le corps de la femme sans pour autant verser dans la vulgarité. C’est ce que Erick-Christian Ahounou fait le mieux avec le nu depuis plus de 22 ans déjà. Le déclic de cette passion pour le nu est survenu dès les premières années de sa formation en photographie dans les années 90. « J’étais en stage en France quand j’ai vu pour la première fois, mon maître de stage Pierre Jean Amar, faire du nu. J’étais impressionné ».

De retour au bercail, Erick-Christian Ahounou était un peu indécis quant à l’idée de se consacrer à cette forme d’art peu connue dans son pays le Bénin. Il a d’ailleurs mis 3 années à se convaincre de pouvoir faire du nu. A l’époque c’était un peu compliqué pour le photographe de trouver des modèles mais il y parvient quand même. En 1996, Erick Ahounou fait sa première exposition de nu. Ce qui, à l’en croire, fut une réussite malgré les polémiques.

« J’ai voulu choquer, provoquer et rester dans la mémoire des gens »

Crédit photo Erick-Christian Ahounou

Aujourd’hui, Erick-Christian Ahounou n’est plus à présenter. Son travail sur le nu le précède. Très actifs sur les réseaux sociaux où sont publiés la grande majorité de ses nus, il est suivi par des milliers de personnes. 1221 publications et 2232 abonnés sur Instagram, 3585 abonnés sur Tweeter pour ne citer que ces réseaux sociaux, son travail sans l’ombre d’un doute, suscite de l’intérêt. « En faisant du nu, j’ai voulu choquer, provoquer et rester dans la mémoire des gens et j’y suis arrivé» admet-il avec un sourire narquois. En 22 ans de nu, cet amoureux du corps humain confie n’avoir enregistré aucun scandale en rapport avec son travail et ce, grâce au climat de confiance qu’il installe avec ses modèle.

La finesse de son art s’identifie dans chaque modèle ‘’capturé’’. Avec diverses techniques, il dissimule les imperfections de la peau pour en ressortir le beau. La prédominance du blanc-noir, le body painting et la technique des perles d’eau sont tant d’astuces qui rendent ses œuvres uniques. Les photos d’Erick-Christian Ahounou relèvent toujours d’une mise en scène exquise.

L’anonymat, il y tient. Ses photos en sont la preuve. Jamais ses modèles ne portent des effets personnels ni ne dévoilent leurs visages lors des séances photos. Le photographe est plutôt ferme la dessus. En plus de ces spécificités, la prédominance du nu féminin est ce qui le caractérise le plus. Même s’il travaille tant avec des modèles féminins que masculins, c’est le nu féminin qui prend le dessus. « Contrairement à ce que l’on peut penser les hommes se sentent plus complexés par leur corps que les femmes » confie Erick-Ahounou pour justifier cette prédominance. Pour lui, la beauté se trouve dans les détails. Elle est une notion relative. L’amoureux du nu estime que chaque être humain à quelque chose de particulier. « Certains peuvent trouver mes photos trop osées tandis que d’autres non. C’est tout à fait normal ». Peau zébrée, bourrelets, courbes, taille fine et rondeurs sont tant de traits que l’artiste met en exergue pour présenter la beauté du corps humain. Il n’y a pas de modèle préétabli en matière de beauté chez le photographe.

« Il veut toujours avoir raison »

Contrairement à la grande majorité des personnes qui s’adonnent à des métiers ‘’hors du commun’’, Erick Ahounou a

Crédit photo Erick-Christian Ahounou

toujours été soutenu par ses parents. « Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours vu Erick soit avec un appareil photo, soit dans son laboratoire en train de développer des photos ou encore en train de dévorer des livres sur la photographie» témoignage sa sœur Nadine Ahounou-Kinhouandé. Fière du travail de son frère, cette dernière ne manque pas de préciser l’attachement de ce dernier avec sa famille. Erick-Cristian Ahounou est père de famille et marié à une sénégalaise d’ethnie peulh qui, à en croire ses confidences le soutient pleinement dans son travail. Installé à Dakar depuis 2006, le photographe est souvent entre deux avions. Mais il n’en demeure pas moins attaché à son pays d’origine, le Bénin. En plus des raisons familiales qui l’y amènent, le photographe a un bureau dans sa maison à Cotonou, précisément à Akpakpa où il travaille avec ses modèles et collaborateurs. Ouvert d’esprit, Erick accompagne bien de jeunes dans des projets artistiques en mettant son expertise à contribution.

Lionel Ogoudjobi Attéré artiste plasticien, body painter et proche collaborateur du photographe confirme ce penchant qu’il a à accompagner les plus jeunes. « En plus de son ancienneté ce qui m’a le plus motivé à travailler avec lui, c’est sa rigueur dans le travail et son ouverture d’esprit ». Mais puis qu’un homme n’est jamais parfait, l’un des défauts de Erick, confie Lionel Ougoudjobi, c’est d’être parfois intransigeant. « Il veut toujours avoir raison », plaisante-t-il. Au-delà des performances, cet illustre photojournaliste a un charisme qui inspire plus d’un. « Ce que j’apprécie le plus chez Erick Ahounou ce n’est pas forcément ses photos mais cette lumière qu’il donne à la jeunesse que nous sommes. Cet espoir que tout est possible avec le travail », dira Audace Tognissè Aziakou un artiste photographe béninois.

Réalisation : Inès Fèliho / Dekartcom 2019

Crédit photo Erick-Christian Ahounou

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