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Bénin : Le livre entre abandon et modernité

«Pour moi, chaque livre que je finis de lire est un transfert de vie, une métempsychose, et si la vie est sacrée, le livre l’est encore plus!». Ces mots du jeune poète Daté Atavito Barnabé-Akayi sur le jeu-défi book challenge initié sur facebook, se révèlent peu important chez les jeunes apprenants. La jeunesse béninoise s’intéresse de moins en moins aux livres, à la lecture. Des écoliers aux étudiants, le livre est jeté aux oubliettes. C’est avec grande peine qu’élèves et étudiants s’imprègnent du contenu des œuvres au programme. La préférence est là: les télénovelas. Désormais les télénovelas acquirent une vaste notoriété au détriment du livre, de la lecture. D’Isaora à Tour de babèle, Rubi, Daniela puis Rosario la liste est bien longue. «L’heure de l’abrutissement au Bénin est 20h30» disait le jeune slameur Kmal. Ces télénovelas procurent bonheur et plaisir pour le commun des béninois «La télévision bride l’imagination au lieu de la libérer». Aident-ils les élèves et étudiants à illustrer leur devoir? Mais le livre, est un excellent outil de travail; un livre a des valeurs incommensurables. Le plus grand moyen d’accéder à la connaissance est la lecture. Elle est cette activité intellectuelle qui délivre l’homme des fers; fait jaillir sur lui la lumière et lui montre par conséquent la voie de la perfection. Elle est le sentier par lequel on parvient aux grandes voies. La lecture apporte plus que tout, le salut. Elle délivre l’âme empoissonnée «Lire c’est voyager, voyager c’est lire.» disait Victor Hugo. Par la lecture, on apprend plus que les maîtres et professeurs nous enseignent. Thanguy Agoi ne le répéterait jamais assez «Les livres cachent toujours quelque chose quel que soit la couleur de la couverture.». La lecture nous assiste et console. Et Georges Sand le sait mieux que quiconque, «Un livre a toujours été pour moi un ami, un consolateur éloquent et calme». La lecture est le meilleur moyen pour l’apprentissage, le développement mental et l’expression orale. Elle développe les fonctions cognitives dans des proportions étonnantes. L’on ne peut être éternel que par la création, les œuvres; ainsi les grands hommes depuis René Maran en passant par Mongo Béti, Ahmadou Kourouma, Olympe BhelyQuenum, Gisèle Hountondji jusqu’à Florent Couao-Zotti, Habib Dakpogan, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Carmen Toudonou. Parce qu’on ne peut être une plume polémique et scientifique comme Guy Ossito Midiohouan, si on a bu très tôt à la source de Voltaire, Jean- Paul Sartre, Frantz Fanon et même de Nelson Mandela, Aimé Césaire!
Lire un auteur, n’est-ce pas échangé avec lui des idées? La lecture est comme une conversation. Descartes en ai vraiment convaincu: «La lecture des grands livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles derniers». Le Bénin qui était jadis, le quartier latin de l’Afrique perdit complètement son latin. La situation actuelle de la lecture est davantage critique et scandaleuse. Elle crée actuellement chez les jeunes l’ennui. Les résultats catastrophiques des divers examens sont illustratifs. Mais pourquoi ce revirement soudain?
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont favorisé cette crise de la lecture. Les regards sont tournés vers le numérique. Les jeunes manifestent plus d’intérêt à l’image et au son. Pour vous en convaincre faites une escale dans les librairies et bibliothèques. Ils passent la majeure partie de leur temps à surfer sur les réseaux sociaux (facebook, whatsapp, viber, twetter…) Pour rétablir cette situation, la grande responsabilité incombe aux parents d’élève, aux médias, aux enseignants et au ministère de la culture. Les parents d’élèves et les enseignants ont la lourde tâche de cultiver chez les élèves le goût de la lecture, la culture du livre en donnant le bon exemple: abonnement à la bibliothèque, club de lecture … Les médias quant à eux doivent rénover leur programme en proposant à la jeunesse des émissions, magazines, et divertissements littéraires, didactiques et incitatifs. Le ministère de la culture quant à lui, doit résoudre le problème de la rareté des bibliothèques au Bénin. En tout cas LAHA et l’ONG ASTRO l’ont très tôt compris en organisant la première édition du concours panafricain Trophée ‘’Livre d’or’’ pour inciter les apprenants à la lecture. Guy Ossito Midiohouan et tous les autres enseignants du département des Lettres Modernes, le font déjà si bien en obligeant leurs étudiants à lire et à acheter les livres pour les exciter à former leur propre bibliothèque.
Il serait alors judicieux de lire pour assagir l’âme, reformer l’Afrique et par ricochet le monde «La littérature existe pleinement non pas quand l’œuvre est écrite, mais quand un lecteur remonte le cours des phrases et des mots pour devenir, par ce moyen, co-créateur de l’œuvre» Ivo Andric.

Inès MISSAINHOUN (Stg)

 

 

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