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Bénin : Contourner le culte pour faire la culture

Bénin. Terre du Vodoun. Vodoun, notre croyance. Vodoun, notre religion.

Lorsqu’il vous arrive de vous rapprocher d’un vodounsi (adepte du vodoun), dans le but de savoir ce qu’est pour lui le Vodoun, celui-ci ne marchandera pas les mots avant de vous lancer : « le vodoun est ma religion ». Et oui, au Bénin, la croyance première des populations est le Vodoun. En lui, elles ont une foi inébranlable. Des cultes sont organisés fréquemment en son honneur. A son tour, le Vodoun réalise les vœux de ses croyants.

Les Daxomènous l’ont pratiqué… Les Dahoméens, eux aussi et les Béninois continuent d’entretenir cet héritage. « A chaque niveau de l’organisation de la société correspond un certain type de vodoun, et à l’histoire de chaque ville ou de chaque territoire correspond un choix de panthéon, une hiérarchie parmi les différents cultes en place. C’est ainsi qu’à Ouidah, ancienne province maritime du royaume d’Abomey, la divinité populaire Xevioso, divinité de la foudre qui régit le panthéon des phénomènes atmosphériques coiffe l’ensemble des divinités honorées sur le territoire de la ville. La domination de cette divinité sur les autres cultes de la cité marque la soumission de Ouidah au roi d’Abomey. Mais elle signe aussi le grand sens politique de la royauté du Danxomé, qui a choisi une divinité locale pour protéger l’ensemble de son royaume », rappelle Emmanuelle Kadya Tall dans son essai intitulé Dynamique des cultes vodouns et du Christianisme céleste au Sud- Bénin. Dans sa dimension spirituelle, le vodoun assume donc la protection de ses croyants. Mais il va au-delà.

Si au départ, l’on ne percevait que son aspect religieux, le Vodoun, aujourd’hui, va bien plus loin. En dehors de la dimension spirituelle qu’on lui connait, il présente aussi des aspects éducatif et artistique.

Au-delà du culte, le vodoun est art et culture. « C’est une science », défend le Prêtre de Fâ David Koffi Aza. Analysant la pensée du géomancien, nous pouvons commenter qu’outre la religion, le vodoun constitue un ensemble de pratiques nécessitant des connaissances, des règles, des principes. C’est l’art.

Il est loisible et émotionnellement touchant, par exemple de contempler les accoutrements des divinités sans masque (vodoun hounvê en goun, une langue du Sud- Bénin). Les vodouns Linsoun, sakpata, xêviso, adjinan…, quand ils sortent du couvent, dans leur éclat pompeux et solennel ; apparat au point (pagne tissé, perles, colliers faits à base de cauris…), ils renvoient indiscutablement aux œuvres d’arts plastiques. Ne dit- on pas d’ailleurs que derrière une divinité hounvè, jubilent les œuvres d’artistes et d’artisans (forgeron, orfèvre, tisserand, couturier, percussionniste, chanteur…) ?

En dehors de cette première unité, il y a les rythmes, les chants et danses du couvent, ceux liés aux cultes. Autant de rites, autant de rythmes. Ces éléments en étroit lien avec le vodoun, désormais connus sous l’appellation, « Arts vodouns » peuvent être explorés autrement.

Dépourvues de tout intérêt religieux, ces ‘’disciplines rituelles’’ pourraient être transférées des couvents sur les scènes, les théâtres. Beaucoup d’acteurs culturels y travaillent, d’ailleurs, depuis de longues dates, subissant, fréquemment le courroux des gardiens des temples. Grâce aux recherches de ces derniers, les danses sakpata, dan, sètô ainsi que les rythmes houêdê, adja, agbotchébou… sont exécutés en milieu artistique. C’est un bon premier pas sans doute.

Le second serait de formaliser les relations entre artistes, acteurs culturels et dépositaires du vodoun afin d’éviter d’éventuels grincements de dents. Il faut donc contourner le culte pour faire la culture pour que se développe le tourisme.

Les moyens pour arriver à cette destination existent. A vous de jouer.

Esckil AGBO

 

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