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Bénin-Arts plastiques : Orèmi et Doto Kuassi dénoncent des affres du « mutisme »

l'Installation "Agô tu me dois combien?" des artistes Doto Kuassi & Orémi

Du 25 mai au 17 août 2019, les artistes plasticiens Doto Kuassi et Orémi exposent des œuvres issues de leur récente résidence de création à l’espace artistique et culturel « Le Centre » sis à Lobozounkpa. Intitulée « Le mutisme », cette exposition dénonce de mauvaises pratiques qui gangrènent la société.

Attirer l’attention des uns et des autres sur les dégâts du mutisme pour ainsi inciter à son bannissement. C’est ce à quoi se sont attelés les artistes plasticiens Doto Kuassi et Orèmi à la suite d’une résidence de création d’un mois. A travers leur exposition collective dénommée « Le mutisme », les artistes lancent un appel.

Parti de l’observation de certaines coutumes sociétales et culturelles, cette exposition vient briser le ‘’silence’’. Elle dénonce des pratiques qui freinent le développement voire la quiétude des êtres humains.

C’est à travers une série de toiles intitulée « Violences » que le plasticien Orèmi choisi d’exprimer son aversion à une forme particulière de mutisme. Il s’agit des violences faites aux enfants et aux femmes dans la société. Les ‘’vidomègon’’ (enfants placés) maltraités sous le regard silencieux et coupable des uns et des autres est selon l’artiste une cruauté. A l’en croire ces pratiques perdurent malgré de nombreuses luttes parce que l’entourage immédiat des victimes préfèrent le silence à la dénonciation.

Si Orèmi choisi de mettre la lumière sur des actes de violences qui perdurent à cause du mutisme, Doto Kuassi lui, propose carrément son ‘’enterrement’’. Pour le plasticien, il n’y a pas outre solution que l’éradication pure et simple de ce ‘’mal’’. Son œuvre intitulée « La traversée du mutisme », un Acrylique collage sur natte, renvoie aux pratiques ancestrales. Avec cette technique, le plasticien expédie le mutisme dans l’au-delà.

Comme il convient de faire dans les traditions, après toutes cérémonies funéraires, il faut une célébration digne du nom. A travers l’installation « Tchigan trois singes by Doto », l’artiste convie les éplorés (victimes du mutisme) à se choisir un pagne pour son inhumation. Le choix du motif des pagnes n’est pas anodin selon Doto Kuassi. A l’en croire, si sous d’autres cieux le symbole des trois singes (le muet, le sourd et l’aveugle) est signe de sagesse, il illustre le mieux le mutisme.

Pour Orèmi et Doto, le silence obstiné face à toutes situations ne saurait contribuer à l’épanouissement d’un être humain. Tout être quelle qu’en soit sa classe sociale se doit d’exprimer son opinion, selon les arises.

Comme pour rester coller aux réalités africaines, les artistes après ‘’inhumation’’ du mutisme s’intéressent au phénomène ’’Agô’’ à travers une installation commune. Avec de grosses et petites enveloppes (pour signifier la quantité de la somme offerte et celle dépensée) suspendues en l’air, les artistes posent une interrogation. « Agô, tu me dois combien ? ».C’est d’ailleurs le titre de cette installation. Avec cette interrogation, ils suscitent une réflexion sur les dépenses exorbitantes qu’exige l’enterrement d’un défunt. Loin d’imposer leur opinion en posant cette question, Doto et Orèmi veulent amener les visiteurs à se demander si s’endetter à coup de millions pour enterrer un défunt en vaut vraiment la peine.

Quant à la deuxième oeuvre commune des artistes, elle est axée sur le secteur « Informel ». Sur une sculpture de bois dotée de plusieurs branches on peut lire : « Missèbô », « Kpayo », « Adjégounlè » et autres inscriptions. Ici, Doto et Orèmi s’intéressent à certaines formes d’activités génératrices de revenus mais qui ne sont pas conformes et freinent l’économie nationale. Au-delà de la dénonciation ces plasticiens incitent chaque acteur à prendre ses responsabilités.

Inès Fèliho

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